Certains de nos amis avaient voyagé en Bolivie, et étaient revenus avec des photos de paysages époustouflants, notamment le fameux “Salar d’Uyuni”. Aussi, au tracé de notre itinéraire en Amérique du Sud, nous avions évidemment inclus la Bolivie. Trop envie de voir ça de nos propres yeux.
Mais en dehors de quelques photos incroyables, nous n’avions pas grande connaissance du pays, ni très grande attente…
Dans tous les cas, nous y allions, et entrions directement dans le vif du sujet, en commençant notre itinéraire par le Sud Lipez et le Salar, depuis San Pedro de Atacama, au Chili.
Le 12 Mai 2019, à 6H du matin, et après 5 heures de sommeil (voir notre séjour à San Pedro), l’agence que nous avons choisie pour découvrir le Sud Lipez et le Salar d’Uyuni vient nous chercher dans notre petite pension à San Pedro. Heureusement qu’il est recommandé de bien dormir avant de partir dans le Sud Lipez… Pas top tout ça…
Nous avons choisi “Estrella del Sur”, parmi les diverses agences présentes à San Pedro de Atacama. Pourquoi ? Une histoire de confiance avec le vendeur, et de bons avis sur le net. Et on ne regrette pas notre choix. Ce qui a fini de nous décider ? Ils sont Boliviens et non des Chiliens sous-traitant les tours vendus à des Boliviens. Ce qui peut vite poser souci en cas de problème…Et ils sont également bien présents à San Pedro, ne font pas un « détour » pour venir nous chercher. Ils revendiquent un tourisme “responsable” et cherchent à bien traiter leur personnel. Je ne sais pas jusqu’où tout ceci est vrai, mais notre chauffeur-guide sera fiable et attentionné tout au long des 3 jours que nous passerons ensemble.
Nous prenons place dans un mini-bus chilien spécialement affrété pour la “collecte” des touristes, jusqu’au passage de la frontière. Et une heure 30 plus tard, nous sommes tous présents. Direction el “Paso de Hito Cajon”, à une cinquantaine de kilomètres de San Pedro. Nous y arrivons avant l’ouverture. Les minibus sont à la queuleuleu… grr.. on ne sera pas tout seuls, c’est sûr…
En attendant l’ouverture des barrières, les chauffeurs et accompagnateurs sortent les tables pour un “petit déjeuner pique-nique” copieux et bienvenu.
La moyenne d’âge des autres touristes est plutôt de 25 ans… je me sens… vieille…


A 8H la barrière s’ouvre. Nous reprenons place dans les véhicules. Et c’est parti !
Malgré le poste frontière flambant neuf côté Chilien, nous attendons notre tour, et en profitons pour respirer un peu. Quelques jeunes fument. Les premiers vomissent. Ha oui… on est à 4 480 mètres. Faut s’habituer…Du coup, nous les vieux, on frime. Nous allons bien, Eden en particulier.
Un petit renard passe au loin. Trop mignons et décidément pas sauvages, ces petits futés ! Celui-ci reste à bonne distance des touristes quand même…
Le douanier chilien, est aimable… comme un douanier chilien. Le degré zero de l’amabilité et du fun ! Surtout ne pas faire d’humour….
On remonte dans nos mini-bus pour parcourir les quelques centaines de mètres avant la douane Bolivienne. Et là… le standing n’est vraiment pas le même. Mais les douaniers ont le sourire, eux. Ca fait du bien.
Les minibus nous quittent là et rentrent à San Pedro : les quatre 4X4 nous attendent. On comprend alors seulement qu’on est “un groupe” et qu’on va faire l’expédition à 4 voitures qui se suivent et environ 25 personnes. Moui…pas super super… on verra.
Nous aurions aussi pu choisir de privatiser un 4X4, mais sur le principe ça nous plaisait bien de rencontrer des gens, et le fait de partager faisant quand même bien baisser le prix.
Là tout à coup, j’ai un doute…
Nous sommes répartis dans les véhicules rapidement. Et comment dire… on est un 4X4 … de vieux !! Avec nous Rudy, Autrichien qui a largement dépassé la cinquantaine, Christina, Chilienne, pas loin de 35, Noémie, toute jeunette, mais la seule française à part nous (désolée Noémie), et nous trois. Heureusement que Noémie et Eden équilibrent la moyenne d’âge avec les autres. Suis quand même un peu vexée…
- Notre 4X4 ! C’est parti pour l’aventure ! – Bolivie
Allez, ils ont l’air sympa ces trois autres, et, déjà, ils ne font pas la tête “parce qu’il y a une gamine”. Et puis notre chauffeur, Ronald, a l’air franchement bien ! Grand sourire engageant. Ca va le faire…
Nous n’avons pas de temps à perdre car le “programme” est chargé ! Nous allons passer toute notre première journée dans l’Altiplano, à plus de 4000 mètres d’altitude, et dormirons à.. 3900.
Premier arrêt peu de temps avant le départ, et le Sud Lipez a décidé de nous charmer dès le début. Nous sommes à la Laguna Blanca, un petit lac salé. Le froid de la nuit n’a pas encore complètement disparu, et les bords de la lagune sont encore gelés. Eden s’essaie à marcher sur la glace. Ca tient. Elle veut nous embarquer avec elle. Heu.. Et si on finit tous les trois avec nos seules chaussures mouillées, on finit le tour en tongs ? J’arrête…, zen, photos, photos. et petite méditation aux premiers rayons frisquets du soleil.






A peine plus loin, deuxième arrêt pour la Laguna Verde. Pas de scoop. Elle est bien verte. Et superbe. Sa couleur qui change en fonction du vent, parait-il, lui vient de la forte concentration en cuivre de ses sédiments.




L’arrêt suivant est pour le désert “de Salvator Dali”, sable, crêtes rocheuses et arides, et étendue de cailloux ocres. Rien de très impressionnant quand on est “dans” le désert, mais avec le recul, on se croirait bien dans une toile du maître. Le désert porte bien son nom. Il a visité la Bolivie, Dali ?





Nous roulons encore, et faisons tranquillement connaissance. Ils sont finalement chouettes, nos nouveaux copains de 4X4. Et drôles aussi ! Rudy, en bon Germanique, a l’air super-organisé. Il a prévu sa bouteille d’oxygène, et demande bien à chaque arrêt “combien de temps on a”. Cristina, avec son bonnet rose, son rouge à lèvre et ses guêtres assorties au bonnet a un peu l’air d’une jolie bimbo latino, exubérante, chaleureuse, et trop contente de découvrir que Noémie et moi parlons un très bon espagnol. Et puis, Noémie, discrète et rieuse, nous donne des nouvelles de la France.
L’ambiance est bonne et déjà nous arrivons aux sources chaudes de Polques. Avec TOUS les 4X4 ! Les “nôtres” mais aussi d’autres groupes. Non !!
De petits vestiaires ont été aménagés. Et j’ai l’impression de retrouver la piscine de mon enfance. Trop de monde. Alors chez les filles on s’habille / déshabille toutes comme on peut, sans attendre que les cabines soient disponibles. Il fait frais. Et on se glisse bien vite dans l’eau bien chaude. Finalement, ça va. Il y a plus de place qu’il n’y paraît. Pas mal de 4X4 sont en train de repartir, en fait. Hum… on apprécie. Et quel panorama ! Finalement on est très très bien là, et si Ronald ne nous rappelait pas à l’ordre, on y passerait bien la journée, dans ces termes.




Mais il faut rouler encore pour le dernier arrêt de la matinée, le champ de Geysers Sol de Manana, nommé ainsi car il rappellerai le paysage des « premiers jours du monde ». Et c’est vrai qu’ici la nature est encore brute.
Il y a moins de geysers qu’au Tatio, que nous avons visité il y a quelques jours côté Chilien, mais les gerbes d’eau sont plus impressionnantes, et nous déambulons entre geysers, fumerolles et mares de boue peu sécurisées. Ne pas s’approcher trop des “trous”. Il en sort de la vapeur bouillante ! Et je me laisse surprendre… sans conséquence, ouf.





Nous parvenons à l’hôtel, tout simple, où l’on déjeune, bien tard.
L’après-midi étant déjà très avancé, notre unique visite sera pour la Laguna Colorada. Quelle journée ! L’achever sur les rives de cette lagune est juste.. parfait. Le soleil baisse déjà doucement quand nous arrivons. Nous longeons les rives, où des lamas ayant revêtu leurs jolies boucles de laine colorée sont en train de s’abreuver (la laine permet de reconnaître à quel troupeau appartient le lama), tandis que les flamants roses se posent pour la nuit. On les a retrouvés, les flamants roses qu’on n’a pas vus au Chili : ils sont encore ici et n’ont pas commencé leur migration ! Ici vit une colonie de plus de 25 000 spécimens.









Nous montons la petite colline pour revenir par les hauteurs et apprécier l’autre versant, où nous découvrons la laguna Capina. Moins spectaculaire mais les paysages restent splendides… Ronald est assez stressé quand on arrive au 4X4 ! On est les beaux derniers encore et toujours ce planning à tenir.. ha… désolés…Il ne connaît pas encore bien Geoffrey, qui aime “prendre son temps” quand il se sent bien.

Bon, et puis pour revenir où ? Dans l’hôtel “basico” où nous avons déjeuné ce matin, et franchement… aucun intérêt. Nous sommes à Villamar, et il fait… un froid de canard (à 4000 mètres, logique), et pour être basico, l’hotel est bien basico : pas même un poêle à bois dans la pièce principale, nous dormons en dortoir, des douches communes froides… On va faire l’impasse sur la douche, tiens. D’ailleurs, je crois que personne ne s’est lavé, ce soir.
Heureusement Ronald vient nous distribuer des sacs de couchage bien épais pour la nuit et on a nos bonnets et chaussettes en alpaga ! On va survivre !!
Nous nous attablons à la dernière table disponible, près de la porte (ben oui, on était les derniers), et elle va s’ouvrir et se fermer toute la soirée, avec les fumeurs…Gla Gla… le peu de chaleur… humaine… disparait à chaque passage.
On gèle. Et le thé peine à nous réchauffer. Le dîner est encore loin.. les jeunes des autres tables ont trouvé des bières à vendre dans une des maisons voisines. L’ambiance est assez… festive. Mais…on ne va pas se mettre à boire plein de bières avec Eden…Et je ne sais qui a l’idée formidable proposer un Uno. C’est simple, tout le monde connaît. International et Intergénérationnel. Et voilà notre petite bande de 6 mal assortie qui retrouve sa bonne humeur…nous nous marrons comme des baleines, en Français, en Espagnol, en Anglais, et même en Allemand. Rudy est décidément plein d’humour et Cristina est vraiment trop drôle ! On oublie le froid et le dîner qui tarde… Les tables de jeunes sont “choqués” que “les vieux” rient autant et nous regardent presque de travers…Ben quoi ??

Le diner est .. frugal. Avec tous ces jeunes, les pâtes ne suffisent pas. C’est l’affolement en cuisine. On vient même aider. Tiens…mais il fait bon dans la cuisine ? Pour le coup, je veux bien tout débarrasser si vous avez besoin d’aide. Mais non…Alors après le diner, nous ne nous attardons pas. Sauf Rudy : je suis mauvaise langue : les jeunes lui ont proposé d’aller boire des bières avec lui. Pour nous ce sera dodo immédiat. Très emmitouflés. On garde bien nos bonnets, et même nos gants. Il paraît qu’on dort très mal en altitude, en plus. En même temps, vu qu’on n’a dormi que 5 heures la nuit dernière, on devrait assez vite sombrer…
Et c’est ce qu’on fait.
Contre toute attente, nous nous réveillons le 13 Mai avec le sentiment d’avoir bien dormi. On remballe bien vite nos affaires, le temps de se rendre compte que nos maillots de bain mouillés des sources chaudes de la veille, ont gelé pendant la nuit. Les sacs sont chargés sur les toits des 4X4, et c’est reparti ! Il est 7H30.
Pour une fois, c’est nous qui devons attendre les autres, et Ronald s’arrête sur le bas côté de la piste. Et une fois encore nous sommes tous sous le charme de ces paysages de l’Altiplano. Les corps se détendent au soleil, les sourires apparaissent, au rythme de la nature qui s’éveille.




Nous poursuivons notre route avec pour objectif aujourd’hui “El valle de Rocas”, rien à voir avec les paysages de la veille. Ici nous sommes dans un véritable désert, de pierres ocres, énormes blocs de roches issues d’éruptions volcaniques. Chaque bloc a ici son “petit nom” en fonction de sa forme. Le plus célèbre est certainement “El Arbol de Piedra” (l’arbre de pierre), mais notre itinéraire n’y passe pas…Dommage.
Pour notre part, nous ferons arrêt à la Copa del Mundo (la coupe du monde). Et en “bons français qui viennent de gagner leur 2eme étoile” on est trop fiers de poser devant. Tant pis pour les British et Germaniques du reste du groupe ! Bon, faut quand même un peu d’imagination pour retrouver le trophée dans la forme de la roche…

Un peu plus loin, “El Camello”, pas plus convaincant que la Copa Del Mundo (on n’a même pas de photo…). Mais à côté du « chameau », Geoffrey-l’éternel-ado ne résiste pas à escalader tout en haut de blocs de quelques dizaines de mètres de haut. Il est trop fier ! Et je me fais « engueuler » parce que j’ai « raté » la photo…


L’arrêt suivant sera pour la Ciudad Italia Perdida. Et là… oui, franchement, c’est assez impressionnant. Ici les formations sont très hautes, comme percées de fenêtres. Et c’est vrai qu’on dirait des maisons ou petits immeubles. Le lieu porte ce nom car il paraîtrait qu’un Italien s’y serait perdu. Evidemment, certains en profitent pour pratiquer l’escalade, dont Geoffrey….On s’amuse pas mal ici, à se cacher, se retrouver. Heu.. on va éviter de faire comme l’Italien, quand même…




Nous quittons alors le désert de pierres pour retrouver les lagunes de l’Altiplano. Arrêt rapide à la Laguna Escondida (traduire “cachée”). Pas tellement cachée, elle est en bord de piste… et ici nous retrouvons des dizaines de lamas, avec leurs adorables nouettes aux oreilles, et qui se laisse approcher très très près ! “Je peux te faire un calin ?”. A priori, non, il veut pas…



Et, alors que le déjeuner approche, nous nous garons près d’une petite maison en adobe isolée. C’est là que notre déjeuner nous attend. Mais avant, Ronald a “une surprise”. Nous le suivons sur un terrain plat et marécageux, les “bofedales”, qui servent de pâturage. Bien faire attention où on pose les pieds. Et au bout… la Laguna Misteriosa, aussi appelée Laguna Negra, mais je trouve que le nom de “Misteriosa” lui va tellement mieux…Nous nous posons pour un petit instant calme, invitant à la méditation. Que c’est beau !



Retour par les bofedales. On aurait bien aimé arrêter le temps ..mais de toute façon nos estomacs crient famine. Et c’est tant mieux car un déjeuner bien copieux à base de gratin de quinoa (un délice) nous attend.


Puis nous repartons pour le Canon del Anaconda, qui serpente effectivement bien profondément. Une avancée de pierre le surplombe, et nous avançons tous dessus. Pas de sécurité. On fait “doucement” quand même avec Eden…Mais ça vaut le coup ! Très beau encore une fois..






Nous traversons des cultures de quinoa, la seule céréale adaptée à de telles altitudes, et arrivons bientôt au village de Colcha, quelques tristes maisonnettes en plein désert. Ici la dureté de la vie se lit sur les visages des habitants.
Mais cet arrêt n’est pas fait pour apprécier la beauté des lieux : C’est ici que tous les 4X4 s’arrêtent pour une dernière petite réparation et remplir leurs réservoirs d’essence, pendant que les touristes en profitent pour boire une bière locale, au quinoa, ou à la coca, offrant un maigre revenu aux villageois. Et nous ne dérogeons pas à la règle. Même moi, qui déteste la bière, je teste. Et ce n’est pas si mal, très doux, légèrement sucré…



Puis nous nous dirigeons dans notre hôtel de sel, tout neuf, où nous passons notre deuxième nuit, aux portes du Salar d’Uyuni, alors que le ciel se pare de teintes pastel de la fin du jour.

Ici tout est en sel, du sol aux murs, en passant par les sommiers des lits. Et il y fait bien moins froid que la veille, alors qu’il n’y a pas plus de chauffage. Isolant, le sel ? Et, ho luxe ! Il y a de l’eau chaude ! Nous prenons possession de nos chambres. Chacun la sienne, ce soir, et tout le monde en profite pour faire un brin de toilette bien nécessaire.

Nous nous retrouvons tous dans la salle commune, et l’ambiance est encore plus festive que la veille, ce soir. Les groupes se mélangent. Mais on se fait rappeler à l’ordre par les chauffeurs : chaque chauffeur s’occupe de “son groupe” / “sa table” ! Heu… Sont un peu rabat-joie là quand même…
Soit, nous nous retrouvons donc tous les 6 avec Cristi, Rudy et Noémie. Et c’est reparti pour une partie de Uno endiablée. Le repas, soigné, se déroule dans la bonne humeur. On a même du vin à table. La grande classe !


Mais contrairement à d’autres, nous restons raisonnables et allons nous coucher : le départ est prévu pour 5H30 demain matin. Le Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel au monde nous attend !
Le 14 Mai commence…par une panne de réveil ! Mais COMMENT est-ce possible ? C’est Rudy qui nous réveille à 5H20 en nous demandant s’il peut prendre nos sacs pour les charger sur le 4X4 plus vite. Arg !! Non !! On s’est trompé d’une heure en réglant le réveil !! Bon, finalement on est dans le 4X4 à 5H35, mais bons derniers…culpabilité au maximum. Et si les autres ratent le lever du soleil à cause de nous, on va s’en vouloir… encore plus…
Quelques minutes plus tard, c’est une odeur de brûlé qui nous arrête, bien plus inquiétante que notre somme toute petit retard. Eden panique, dit qu’il y a de la fumée . Et nous aussi du coup. Ronald fait le tour du véhicule, regarde le moteur. Rien. On repart Sans savoir ce qu’il s’est passé. La buée c’était peut-être juste la buée de nos respirations non ?
Et nous arrivons sur le salar. Il fait encore nuit (ouf !). Nous attendons dans un froid polaire. Les premières lueurs du jour pointent… nous sommes.. sur l’eau ? Oui, le Salar est recouvert d’une fine couche d’eau en cette saison, et le reflet du soleil levant sur la surface totalement lisse est juste… incroyable. Geoffrey et Rudy sont déjà dehors. On les croirait en lévitation. Deux Jesus marchant sur les flots. Les filles sortent bientôt. Ne restent plus qu’Eden et moi. Froid et peur de tremper nos seules chaussures. Mais je ne résiste pas beaucoup plus longtemps et abandonne Eden dans le véhicule avec Ronald “qui voit ça tous les jours”. Finalement la couche d’eau n’est pas si importante. Un, deux centimètres ? Il suffit de marcher doucement. Chacun d’entre nous est dans sa bulle, zen, conscient de l’instant privilégié que nous sommes en train de vivre. Le froid est oublié.
La résistance d’Eden faiblit. Elle aussi nous rejoint. Instant parfait.






Le soleil monte, et nous finissons par rentrer dans le 4X4.
Tout en reprenant la piste, Ronald nous en dit un peu plus sur le Salar : A 3650 mètres d’altitude, il est né de l’assèchement d’un lac préhistorique, et mesure 11 000 km2 (150 km X 100km). La couche de sel qui le constitue peut atteindre 100 mètres d’épaisseur par endroits. Par ailleurs, le Salar contient la moitié des réserves de lithium au monde.
Ronald nous explique qu’il faut vraiment faire attention quand on traverse le salar, et que mieux vaut passer par un tour organisé : le fait qu’il soit totalement plat ne permet pas de bien percevoir les distances, et il y a quelques années, 2 4X4 se sont rentrés dedans. 14 morts. Il nous raconte aussi l’histoire de cette famille morte de soif en s’étant perdue…Véridique ?
Et puis la zone que nous quittons est particulièrement dangereuse : en janvier ou février, il peut y avoir 20 ou 30 cm d’eau…
On comprend que le Salar peut se traverser seul, mais ne s’aborde pas à la légère…
Nous arrivons bientôt à l’ïle aux cactus, alias Isla Incahuasi, qui est recouverte de … cactus.. géants. Et c’est bien techniquement une île car quelques jours dans l’année, le sel est entièrement recouvert d’eau, et l’ile redevient alors une ile…Nous montons au sommet. Et ce qui devrait être une petite balade de santé grâce aux petits sentiers aménagés n’est pas si facile à 3700 mètres…
Alors clairement la Isla de los Cactus est le rendez-vous de TOUS les touristes qui seront dans le Salar avec vous ce jour là… donc… accepter, et monter au sommet quand même. La vue est juste incroyable. Du blanc, totalement plat, à 360 degrés, à perte de vue ou presque, quelques volcans de plus de 5000 mètres se laissant deviner. Fou !




Lorsque nous redescendons, Ronald a aménagé la tableau pour un petit déjeuner qui vaut tous les hôtels 4 étoiles du monde, en plein Salar, face à la Isla.



Nous reprenons la route, pour nous arrêter… au milieu de rien. Séance photos à laquelle doit se prêter tout touriste traversant le salar, et notre groupe a pas mal d’imagination. Bons gros fous-rires. On continuerait encore et encore mais Ronald qui s’est mué photographe nous rappelle une fois de plus qu’il faut avancer…












Nous nous arrêtons à la limite du Salar, dans le premier hotel de sel fermé depuis 2001, et sert aujourd’hui plus ou moins de musée.
Devant, photo obligatoire parmi les drapeaux du monde entier, et un peu plus loin devant la sculpture de sel du Paris-Dakar, pour rappeler son passage par ici.




Nous sommes à Colchani, à une dizaine de kilomètres d’Uyuni. Nous pensons visiter un village où les gens travaillent du sel, et nous retrouvons surtout tous les touristes devant des stands d’artisanat andin. Bon, j’avoue, on s’en serait passé après la magie de ce matin…


Nous avons désormais quitté le Salar, et sommes à quelques kilomètres d’Uyuni quand.. nous crevons. Ha… juste avant d’arriver… A tout choisir, je préfère ici que ce matin dans la nuit…Ronald démonte la roue avec l’aide de Rudy, toujours aussi organisé. Et nous nous rendons compte que la jante est carrément cassée. Depuis quand ? C’était ça l’odeur de brûlé à 5H30 du matin ? Sûrement… Les gars changent la roue, et on se dit qu’on a eu beaucoup de chance…

Nous arrivons à Uyuni où nous déjeunons rapidement. On a retrouvé du Wifi ! On en profite pour échanger toutes nos photos délirantes du Salar et nos coordonnées après ces jours intenses partagés. Nous sommes un peu tristes…
Après le déjeuner, Ronald nous amène à une ultime découverte : le cimetière de trains. Ici dorment pour toujours des dizaines de locomotives et wagons témoins d’un autre temps…Les voies ferrées furent construites par les Britanniques à la fin du XIXeme siècle, pour faciliter le transport du minerai, Uyuni servant de plaque tournante pour les trains en direction du Pacifique. Dans les années 40, les ressources se tarirent et l’industrie minière s’effondra, et le cimetière des trains naquit…
On prend la pose dans ce décor improbable, mais chacun a déjà en tête sa prochaine destination…






Ronald nous dépose en ville alors que l’après-midi est déjà bien entamé. Au revoir les amis. “On reste en contact”. Et oui, nous sommes toujours en contact, avec Néomie, la fille du Sud Ouest, et Cristi, qui vit désormais à Galway, en Irlande. On a un peu perdu Rudy il est vrai…
Finalement, Estrella del Sur aura “respecté le programme”, Ronald bien assuré son job, mais nous n’avons pas eu de “petite étincelle” en plus.. un groupe de 4 4X4 un peu trop grand, des règles un peu trop strictes (genre de garder la même table ?).. mais quoi qu’il en soit, nous avons passé 3 jours inoubliables, traversant des paysages sûrement parmi les plus beaux au monde !
Ce sont nos premiers pas en Bolivie… et nous n’avons pas très envie de rester dans cette ville qui n’a d’autre intérêt que son cimetière de trains, qu’on vient de voir, et d’être la porte d’entrée du Salar, dont on vient…
Alors malgré notre fatigue, nous nous organisons, comme à l’accoutumée désormais : argent, puce téléphonique data, et direction… la gare routière.
On sent que le pays est beaucoup plus pauvre que l’Argentine ou le Chili….


Nous sommes accostés par une dame aux multiples jupes qui veut absolument nous vendre un billet de bus. C’est la cohue ici. Le temps de comprendre vaguement “comment ça marche”. Pas de comptoir officiel, pas de bâtiment. Des petits stands de nourritures et boissons inconnues…Eden doit aller aux toilettes. Va pour les toilettes “publiques”… si on avait pu éviter…
On achète un petit quelque chose à manger car 4 heures de bus nous attendent. On opte pour des « salchipapas« , une spécialité locale, frites et saucisse, valeur sûre…, et on achète finalement les billets de bus à la dame. Il est 17H, et quand on monte, nous nous rendons compte qu’il y a au moins 5-6 jeunes de notre groupe dans le Salar. “#Team Uyuni !”.
On est contents de les retrouver, tiens !
Et le bus part, surchauffé (?! après le froid du Salar…), traversant les beaux paysages de l’Altiplano à la tombée de la nuit.

Depuis Uyuni on a réservé un hôtel à Potosi sur le seul critère qu’il indique avoir le chauffage…on verra bien.
Nous arrivons à 21H à Potosi, toujours pas de gare routière. On nous dépose dans la rue. Des taxis attendent. Ne pas réfléchir trop. On monte dans la voiture d’un homme qui nous inspire confiance. Il a une boule énorme sur le côté de la joue. Je dis tout bas à Geoffrey qu’il a une sacrée rage de dents. Et que j’espère qu’il peut se payer le dentiste (on n’est pas encore initiés à la culture de la Coca, qu’il est tout simplement en train de chiquer :-))
Notre chauffeur est bien sympa et veut nous indiquer plein de choses à faire à Potosi, mais entre la musique à fond, le chauffage à son maximum, les explications du chauffeur, et Eden qui me parle sans arrêt… j’ai mal à la tête…A moins que ce ne soit l’altitude ?
Bienvenus à Potosi, la ville de plus de 100 000 habitants “la plus haute du monde”. Plus de 4000 mètres…
Arrivée dans notre petit hôtel qui n’a pas l’air si mal, avec chauffage, effectivement. Allez, vite, au lit !
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1 réflexion sur « Bolivie : Sud Lipez et Salar d’Unyni, parmi les plus beaux paysages au monde ! »