On peut vraiment prendre ça à double sens…
Oui, les Japonais sont curieux car ils ont un mode de fonctionnement qui peut nous échapper, oui ils mangent des choses bizarres, non ils ne se livrent pas comme nous et sont difficiles à percer…mais ils sont aussi curieux, vraiment, au sens premier.
On a eu du mal à rencontrer des gens, mais on a aussi eu de jolies rencontres provoquées directement par eux.
- Première rencontre inattendue, à Takayama : Ryoto.

Il nous reste deux heures dans la ville avant de prendre le train pour Kyoto.
Juste assez pour booker nos places sur le shinkansen et retourner grignoter quelque chose dans les ruelles si mignonnes de la ville.
On sort de la gare, quand on est abordés par un jeune étudiant, Ryoto. Il veut juste « nous accompagner ».
Etrange…si on n’était pas au Japon, on se méfierait même carrément. Mais non, il veut juste faire un brin de causette.
Il lui reste quelques jours avant sa rentrée universitaire, et il a pris quelques jours pour lui, et passer un entretien. Il voyage en stop, depuis Hiroshima.
Il a déjà voyagé à Montréal et Paris et parle plutôt bien français !
Ce qu’il pense de la France ? On sent qu’il est poli (Japonais quoi…). Les bâtiments sont magnifiques mais.. les gens ne l’ont jamais aidé, l’ont bousculé, etc… (traduire : On ne sait pas accueillir nos touristes, en France… ). Quand on pense que les Japonais sont prêts à faire 20 minutes de détour pour vous aider à trouver l’endroit que vous cherchez…
On a intérêt à en prendre de la graine. La Tour Eiffel finira pas ne pas suffire..
Son rêve dans la vie ? Il veut devenir guide touristique.
Ha, c’est pour ça qu’il nous a abordés ! Ça tombe bien, tiens. Sauf qu’il ne connait pas Takayama… mais ce n’est pas grave. Il nous briefe quand même un peu sur 2-3 coutumes locales. Par exemple, la soupe miso, ça ne se fait pas maison, ça s’achète tout fait !
Il nous raccompagnera jusqu’à notre Guest House et même jusqu’à la gare, quasi notre quai de train. Juste parce qu’il a envie de parler avec nous…Au revoir Ryoto ! Et bonne chance à toi pour devenir Guide ! Sûr que les touristes adoreront encore plus le Japon !
- Shige, ancien reporter, guide volontaire

Aujourd’hui, on a décidé de prendre un guide volontaire (voir notre article sur Kyoto). On s’attend à découvrir un jeune comme Ryoto, qui fait ses études et veut « s’entrainer ». Et bien pas du tout ! Celui qui nous retrouve à la gare où on a rendez-vous est plutôt âgé, la soixantaine bien sonnée et n’a quasi plus de dents ni de cheveux. On dirait Miyagi, le maitre de Karate dans Karate Kid !
Vu son « grand » âge, on se dit q’il doit forcément être à la retraite. Mais non, il a sa propre entreprise d’impression (de tracs, papiers à lettre, cartes…).
Il a 2 filles et 6 petits enfants. Mais il ne les voit pas souvent, car elles habitent loin. 2 fois par an au plus, d’autant qu’on n’a que très peu de vacances au Japon. Ils se retrouvent uniquement une fois tous ensemble chez lui pour ce qui équivaut à Noel pour nous. La fête « des ancêtres » si j’ai bien compris.
Il a fait de longues études, où il a rencontré sa femme, puis est devenu reporter. Quand on creuse, il était spécialisé dans les faits divers. Il a l’air de s’être bien amusé toutes ces années. Il a l’oeil qui brille en nous racontant. Il a décidé d’apprendre l’Anglais dans les années 60 et a ainsi pu vivre à Singapour avec sa femme quand ses filles étaient petites.
Il nous avoue deux passions qu’on attend assez peu d’un Japonais : Le chant classique Italien et la guitare Flamenco (!!???) J’ai peine à ne pas exploser de rire (pas gentille, moi). Alors on se met à chanter en Italien avec Eden dans le musée…(O Bella Ciao…)
Il nous avoue que son rêve aujourd’hui, c’est de promouvoir l’artisanat Japonais.
Il a peur de la digitalisation de la société. Les artisans ne s’en sortent plus. Leur art est trop cher. Il a peur que tous ces métiers disparaissent, et leur savoir-faire avec. Les jeunes ne maitrisent d’ailleurs déjà plus les techniques. Les études, c’est bien, mais parfois trop (selon lui) : Au Japon, il nous explique que 95% des jeunes font des études supérieures. Et il ne faut pas oublier ses racines. Il sera d’ailleurs très fier de nous expliquer le rôle de la « Master Of Tea » lors de la cérémonie du thé.
Pourquoi il est guide volontaire ? Pour continuer à s’enrichir et rencontrer des gens venus d’ailleurs. et de faire connaitre l’artisanat japonais (pour nous, autour du Thé Macha donc).
On aura passé une super journée avec Shige, ce guide bien peu conventionnel, qu’on a beaucoup intrigués. Notamment sur les études d’Eden. Comment on fait, etc… Eden lui sort son IPad, où tous ses cours sont disponibles, et lui fait un beau dessin dessus. Il est bluffé. On l’aurait un peu réconcilié avec le digital ?
On espère en tout cas que le monde de demain trouvera son équilibre entre avancées technologiques et préservation des racines et savoir-faire. …
- Dernière rencontre, à Hiroshima
On est sorti bouleversés du Musée Mémorial pour la Paix d’Hiroshima. On se pose 2 minutes et …on se fait aborder par un autre papi. Pas du tout le même look que Shige. Costume, petit chapeau, et parlant bien mieux Anglais.
On lui indique notre trouble du moment, le fait que ça nous ait beaucoup touchés, nous Européens, et qu’il faut vraiment que les bombes nucléaires disparaissent. Philosophe, il indique que la guerre a eu son lot d’horreurs en Europe également (ça, c’est sûr…). Il enchaine ensuite sur un grand discours sur la montée du néonazisme actuelle avec notre « problème d’immigration ». Terrain glissant. On ne sait pas trop où il veut en venir…on préfèrera changer de sujet, mais le regard à des milliers de kilomètres est un peu déformé on s’en rend compte, par ce que colportent les media. Et il ne faut pas oublier que le Japon n’a jamais connu de vague d’immigration, lui, contrairement à la France.
Pour lui, les Européens ne s’intéressent pas assez au Japon. On ne connait que les Samourais et les Ninjas, alors que c’est bien autre chose…Ce qu’on lui accorde « un peu » : on connait vraiment mal la culture Nippone en Europe.
On lui demande s’il connait la France. Il y a passé 4 jours lors d’un trip en Europe de deux semaines qui l’avait mené également en Angleterre et en Turquie. Alors forcément quand on lui explique qu’on fait le tour du monde pendant un an, il n’en revient pas. Dur à imaginer pour un Japonais, ce long voyage…
Pourquoi il est là ? Justement, pour aborder des touristes (curieux le papi !), et « entretenir son Anglais ».
Il est professeur de linguistique à la retraite. Il nous expliquera d’ailleurs qu’il y a des universités extrêmement réputées au Japon. Celle de Tokyo en premier lieu. On ne les connait pas ? « Vous voyez que vous ne vous intéressez pas au Japon »… Bon, c’est vrai que là, on sèche.
Il nous explique que la langue Japonaise ne comporte qu’une centaine de sons, là où la nôtre en comporter plusieurs milliers. C’est pour cette raison qu’il est particulièrement difficile pour un Japonais de bien prononcer l’Anglais. Evidemment, vu comme ça ! On aura percé un mystère en tout cas.
On ne connaitra pas son rêve, mais on on pense qu’il a consacré sa vie à un métier et un sujet qui le passionnaient : l’éducation et l’étude des langues.
Bonjour, Je viens de découvrir votre blog (via un merci des 10 pides autoru du monde et votre tuyau canoe à Halong) et je pars aussi au Japon cet été avec ma famille ( voyage test pour un TDM programmé l’an prochain). Quelle association avez vous contacté pour trouver votre guide sur Kyoto? Merci et bonne continuation
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