Jodhpur la bleue et son fort, « oeuvre de géants »

On arrive le 2 novembre dans l’après midi à Jodhpur. On a une petite Guest House dans la vieille ville. En attendant, on doit trouver un moyen de renvoyer en France nos petits souvenirs Indiens. A priori, rien de bien compliqué.. sauf …qu’on est en Inde.

  • Tu arrives à la poste avec tes petites affaires bien rangées dans des sacs.
  • Tu veux un carton pour envoyer en France.
  • Tu apprends que la poste n’en vend pas.
  • Tu croises des Anglais qui ont un carton ultra scotché dans tous les sens de chatterton marron. Ils t’expliquent qu’ils l’ont trouvé dans un magasin (le carton). Le chatterton on n’a pas compris où.
  • Le postier te dit que quelqu’un va venir pour le carton.
  • Tu attends donc.
  • La personne arrive. Pas l’air d’un postier avec ses lunettes de soleil (!)
  • Tu la suis en dehors de la poste (!!)
  • Elle t’emmène dans un passage assez sombre… Tu commences à te poser des questions.
  • Elle t’explique qu’elle attend quelqu’un qui a la clé du local. Tu te poses de plus en plus de questions et tu lui dis que tu laisses tomber.
  • Elle te dit que ce quelqu’un est là dans 2 minutes. Alors tu attends quand même.
  • La personne arrive au bout de 10 minutes.
  • Le local s’ouvre. Et ils te sortent un tout vieux carton « Bata » (oui, Bata est super présent pour les chaussures en Inde).
  • Et ils t’expliquent qu’ils vont coudre le carton dans du coton.
  • Là tu dis non mais ça va pas ?! Merci je cherche un carton ailleurs.
  • Ils croient que tu ne comprends pas l’Anglais (!!!). Si, très bien mais un carton c’est gratuit, ou quelques roupies s’ils veulent, dans n’importe quel magasin et le chatterton, on va finir par en trouver.
  • L’homme qui vient d’arriver t’offre un thé et t’invite à t’assoir. Tu ne veux pas.
  • Il reprend doucement : Ça fait 20 ans qu’il fait ce métier, et explique que si tu ne couds pas ton carton dans du tissus de coton blanc, 0 chance que ton colis arrive en France. Tu regardes autour de toi et tu vois d’autres cartons emballés comme ça. En parallèle Geoffrey regarde sur les blogs des voyageurs et ça a l’air d’être la procédure.
  • Tu te dis, « va falloir le faire » et tu demandes combien pour la couture de la chose. 600 roupies (Environ 8 Euros). What ?! Geoffrey a payé 500 roupies une chemise sur mesure, tissu inclus. Tu refuses. Il t’explique qu’il faut aussi des cachets de cire pour éviter que les transporteurs ne te l’ouvrent et que s’il fait moins cher, tu te débrouilles pour les cachets de cire.
  • Et la négociation commence. Tu acceptes pour 400 roupies, cachets de cire inclus, histoire d’avoir une chance d’admirer le coucher de soleil sur Jodhpur….
  • Ils se mettent à coudre le tissus de coton, à deux, à la main, avec une technique bien particulière, très sérieux. Et très lents. Tu finis par t’assoir et accepter le thé. Tu vois que c’est du boulot.
  • L’homme t’explique que ça vient des Anglais, qui avaient imposé cette méthode pour les envois. Tu te demandes pourquoi ils n’ont jamais évolué quand même…les Anglais sont partis depuis 70 ans et l’Inde est en plein boom économique !
  • Tu lui demandes quel est son métier : dans sa boutique, tu as bien eu le temps de repérer des colis mais aussi …des bijoux. « Multipurpose Shop » (Boutique multi-fonction), te montre-t-il, inscrit sur sa vitrine. Tu vois aussi les sigles Fedex, TNT…En gros il t’explique que tant que tu as des choses à acheter, il peut te les vendre et que ça lui va bien comme ça.
  • Il te propose d’envoyer ton colis par FEDEX ou TNT, beaucoup plus fiable que la poste, malgré le coton et les cachets de cire. Tu demandes combien.
  • Il passe 2-3 coups de fil. 3500 roupies. What ? Et puis ça c’est pas négociable, c’est TNT : « Fix Price ». Geoffrey regarde sur Internet. C’est vrai que les envois par la poste sont chers et peu fiables et qu’il vaut mieux passer par un transporteur. Son prix a l’air correct.
  • Le poids de ton colis ? Il a demandé à son collègue de soulever le paquet.
  • Avant de finaliser le deal le collègue part s’assurer du poids du colis à la Poste. On est bons. 3500 Roupies.
  • Tu remplis les formulaires en papier carbone et tu pries pour que ton colis arrive en France un jour. Tu as payé le prix de 2 nuits d’hôtel (ou une belle) quand même !

NDLR : Depuis le colis est bien arrivé en France, aussi vite que prévu 😉 

Une fois de plus la vieille ville n’est pas accessible en voiture et on y rentre en tuk-tuk pour rejoindre notre guesthouse avant la tombée de la nuit.

On se perd dans les mini-ruelles aux maisons bleues. Tellement minis que le tuk-tuk ne passe même plus. On atteint donc à pied donc notre jolie guesthouse bleue, avec son rooftop tout bleu, et sa vue sur le magnifique fort.

Et on y admire le coucher de soleil. Ouf..

Le fort s’allume alors que la nuit tombe. Au loin, on peut voir les premiers feux d’artifice de Divali.(Divali, c’est la « fête des lumières ». Cette année elle se tient le 7 Novembre, et c’est une des plus grosses fêtes Indiennes, un peu l’équivalent de Noel en Europe : à son occasion, on tire des feux d’artifice et on s’offre des cadeaux).

Ce 3 novembre on se lève plus tôt, pour visiter le fort de Mehrangarh, qui surplombe la ville bleue, et parce qu’on a une longue route qui nous attend ensuite pour Jailsamer, notre dernière vraie étape au Rajasthan.

On part de notre guesthouse, et c’est un vrai plaisir de se promener dans les petites rues qui se réveillent, les commerçants qui s’installent. Pas encore trop de bruit ce matin ni de scooter pour vous frôler. Je demande à un homme qui fait des colliers de fleurs si je peux le prendre en photo, il offre à Eden deux petites roses au parfum envoutant (je ne sais pas comment ils font pour avoir des roses aussi odorantes ici, à croire qu’ils les parfument !). Joli moment. Merci monsieur !

On retrouve Maesh qui nous monte au fort de Mehrangarh. Encore une citadelle imprenable. Et quelle citadelle ! L’une des plus hautes du Rajasthan. Sur sa colline, il domine la ville de 122 mètres ! On le surnomme « Le magnifique » et Kipling dit qu’il fut « l’oeuvre de géants ». Il fut surtout l’oeuvre de Rao Jodha, au XVeme siècle, fondateur de Jodhpur.

On retrouve la porte « anti attaques d’éléphants » et on est ici accueillis par des musiciens.

Toujours ces vues magnifiques sur les maisons bleues, historiquement celles des brahmanes, le bleu rafraichissant de la chaleur en été (et jouant un rôle de répulsif anti-moustiques !).

Et puis cette architecture ciselée, ces enchevêtrements de palais dans lesquels on se perd  et ces délires de Maharaja encore… Celui d’ici est toujours vivant : son aïeul s’est fait construire un nouveau palais en face, dans les années 30, par souci de modernité, mais aussi pour lutter contre la misère qui sévissait alors. Il y employa des milliers de personnes et c’est aujourd’hui à la fois une demeure privée, un musée, et un hôtel de luxe, qu’on voit au loin depuis Jodhpur.

On s’amuse beaucoup en admirant les collections de palanquins, sièges à éléphants et berceaux royaux et en imaginant la vie de ces maharajas. On y apprend aussi que l’Opium fait ici partie des traditions depuis toujours. Au delà du commerce qui en était fait, notamment via la route de la soie, on en consommait pas mal, notamment  pour se donner de la force au combat et ne pas craindre l’ennemi (on en donnait même aux dromadaires pour qu’ils marchent plus longtemps et portent de plus lourdes charges !!), en on en consomme encore aujourd’hui, pour fêter un mariage, sceller un accord, ou faire la paix après une dispute... Je suis sûre que les femmes Rajpoutes devaient en prendre avant de pratiquer le Jauhar (immolation volontaire par le feu en cas de défaite des guerriers).

On y apprend également que le Polo, bien loin d’être un sport Anglais, fut inventé ici, au Rajasthan il y a fort-fort longtemps (enfin, y’a débat, peut être en Perse, et il serait arrivé ici par la route de la soie). Ce qui est certain c’est que les Maharajas étaient de grands amateurs de Polo, et faisaient même des parties nocturnes, avec des sortes de lanternes rondes en guise de balles. Et le pantalon Jodhpur ? Bien évidemment, il a été créé ici-même !

Petit instant magique : Dans le fort, un homme nous propose d’écouter de la « musique de méditation ». La seule qui nous y a vaguement initiée, c’est notre amie Céline. Lumière tamisée, notes douces, on ferme les yeux. On est loin…

IMG_0893 (1)

Retour à la réalité, et déjà il faut reprendre la route, pour Jaisalmer, aux portes du désert.

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