Dernière matinée au Coco Grove Beach Hotel à Siquijor, petite île des Philippines. Dans cet hôtel, nous avons mis entre parenthèse notre tour du monde. Nos amis nous ont rejoint pour les fêtes.
Une magnifique plage se dénude avec la marée basse et découvre de longues bandes de sable, de rochers et de cailloux noirs. La mer s’étend sans la moindre aspérité. A peine entend-on le clapotis des vagues. Au loin, l’horizon est incertain. Ciel et mer se prolongent l’un l’autre dans un gris tendre légèrement bleuté. Une bangka fait résonner son moteur poussé à fond et déchire l’étendue huileuse.
Je suis étendu sur un matelas dans une petite paillote. J’essaie de ne penser à rien, et de me projeter loin, à la limite de cet horizon indéfini. Un léger souffle me caresse l’épaule et fait frémir les palmes des cocotiers et du toit de mon frêle abris.

Déjà, les vagues se font plus présentes et annoncent la marée montante. La mer est sur le point de redonner la profondeur suffisante qui permettra d’explorer une faune et flore abondantes, diverses et colorées. Encore faut-il que le soleil daigne percer les nuages. Aujourd’hui, rien ne le laisse présager.
Mais cette perspective tentante ne doit pas déranger la plénitude de cet instant.
L’horizon est en train de changer, ciel et terre se désunissent. A mon grand désespoir, la démarcation des éléments est consommée. La journée va commencer.
Quelle différence entre cette mer et toutes les autres ? La Méditerranée que j’affectionne tout particulièrement, celle de Bretagne, celle qui baigne la Baie Halong, qui s’engouffre dans les profonds Delta du Mékong, de la Tamise…Le ciel seul n’est pas très différent. Mais en fermant les yeux, j’entends les cocotiers, un petit oiseau au chant inconnu et surtout, les petites vagues qui viennent lécher le sable avec délectation, salivant une petite mousse au ressac. Le moteur d’une bangka résonne à nouveau. Je n’arrive pas tout de suite à la localiser tant les sons se propagent aisément sur cette eau apaisée.

La température de l’air est idéale. Vêtu d’un teeshirt ou torse nu, la fine brise continue de me caresser. Quelques rires d’enfants venant investir la piscine, dans mon dos, finissent de former l’empreinte de ce lieu dans mes pensées.
Je respire profondément à nouveau en fermant les yeux et tente de m’inscrire dans le présent. Oublier mon corps pour n’en être que le témoin. Intégrer ce paysage. Quelques instants. Plonger dans l’intervalle de temps qui sépare deux vagues.
Soudain, l’idée de n’être que là, et qu’au même moment, il existe une infinité de rivages, d’endroits qui me seront à jamais inaccessibles, enfermés dans ce qui a été, me donne le vertige.
Je rouvre les yeux précipitamment, mes pensées sont balayées par ce que je vois. La lumière a encore changé. Le gris bleu fait place à des tâches turquoises. Le soleil scintille sur le sommet des vaguelettes.
C’est fini.
Je me projette dans ma journée, dans ce confort, constellé de petits plaisirs, snorkling, cocktail, mini-siestes, délicieux repas les pieds dans le sable, obtenus sans grands efforts.
Le temps va vite passer. D’ailleurs je n’ai pas bien vu ces six derniers jours.
Éblouis par ce vécu ,
profondément vécu par tes fans inconditionnels. Bisous
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