Le 31 décembre, dernier jour de l’année, nous partons tous en expédition une nouvelle fois, sauf Nicolas qui garde la petite Marianne, pour une destination qui me terrifie “un peu” : Oslob, là où l’on voit des requins-baleines !!!
Mise en confiance avec la beauté des fonds Philippins et les majestueuses tortues d’Apo Island, je me suis dit que cette sortie serait une occasion unique dans ma vie, certainement, et que si les autres y allaient, je serais certainement capable de le faire aussi. A priori, aucun touriste n’a été dévoré à ma connaissance par ces grosses bêtes…. On a déjà vaincu le tricot rayé et le cône géographe, pas de raison de ne pas survivre au requin-baleine !
Ce monstre est le plus gros requin au monde, et il peut mesurer jusque 20 mètres de long pour 34 tonnes ! Mais malgré son appartenance à la famille des requins, celui-ci est inoffensif pour l’homme et se nourrit essentiellement de plancton et de krill. On a beau le savoir, la perspective de se retrouver dans l’eau avec une bêbête de cette taille a de quoi effrayer même une personne “non phobique”.
C’est aussi une espèce menacée, et qui garde de nombreux mystères : on ne sait quasi rien de sa période de gestation, de ses lieux d’accouplement, et de mise bas. On sait juste qu’il disparaît parfois pendant plusieurs semaines dans les très grandes profondeurs….
Encore chassé dans certaines régions du monde (notamment à Taiwan), les Philippins ont eux changé leurs habitudes dans les années 90, en se rendant compte que l’écotourisme autour du requin-baleine leur rapportait plus que la chasse (il était chassé pour sa chair, notamment celle de ses ailerons). Et c’est tant mieux pour ces géants des mers, et pour nous, qui avons ainsi une chance folle de les observer. Alors je ne vais pas laisser ma peur prendre le dessus ! Et puis, le bateau est là, je ne peux plus reculer maintenant. En route donc vers Oslob.
Arrivés sur les lieux, la mer n’est pas super calme, et on retrouve, un peu comme à Apo, une myriade de bateaux venus déposer leurs touristes pour qu’ils admirent le requin ! Le nôtre reste donc légèrement en retrait, en attendant qu’une petite bangka vienne nous chercher : les requins-baleines sont visibles sur une zone bien définie, uniquement en toute petite embarcation, pour ne pas les déranger trop, même si des dizaines de personnes sont là en réalité…
En attendant, on voit une tache sombre et gigantesque passer à une dizaine de mètres de notre gros bateau. Première vision du “monstre” marin. Ha oui, il est gros quand même ! Au bout de 15-20 minutes, notre capitaine dit qu’il en a assez d’attendre la bangka qui ne vient pas, et qu’on a qu’à rejoindre le sanctuaire à requins à la nage, ça fera venir la bangka. Le requin-baleine ? Mais non, il ne vient pas près d’ici. Heu… on l’a vu, nous, le gros, tout à l’heure, tout près du bateau ! Bon, quand il faut y aller, il faut y aller, et hop, hop, hop, on saute tous à l’eau, partis à la nage dans les vagues rejoindre le lieu d’observation.
Au bout de quelques minutes, ouf, une bangka approche, et on monte “presque” tous dedans (oui, presque, parce qu’il n’y a pas assez de place sur cette mini-bangka qui tient plus du canoë !).
Et nous voici au bord du sanctuaire. On descend dans l’eau. J’ai vraiment l’impression d’être dans un monde parallèle. Qu’est ce que je fais là ? …Mais ma fille est là aussi, et je ne vais pas lui montrer le mauvais exemple. Tiens, d’ailleurs, elle s’est mise à pleurer de peur…Non mais, on ne va pas faire nos mauviettes ! Allez, Eden, on y va ! J’y vais en premier, et puis je viens te chercher ! D’ailleurs, tout le monde est déjà à l’eau, et un premier requin-baleine, attiré par les petits bouts de poisson que lui lance un batelier, est tout près de nous. A 5-7 mètres de la bangka je dirais, c’est à dire moins de distance que sa taille à lui. Il doit faire une dizaine de mètres ! Je mets la tête dans l’eau, enfin. Ce n’est pas très profond et l’eau est claire, c’est déjà ça.
Respirer, tranquille, regarder. Wouah !! Il est ENORME !, et on est vraiment très très près, mais… qu’il est paisible. Il bouge très lentement, avec son immense queue. Il vient attiré par la nourriture, mais on dirait qu’il fait attention à nous. Interdiction formelle de le toucher (pas de risque avec moi, hein), mais certains s’approchent vraiment très très près. Trop près ? Certainement. Vincent, qui adore snorkler, passe carrément sous le requin-baleine ! Moi je n’en suis pas là, je reste accrochée au flotteur de la bangka, comme si elle pouvait me protéger d’un coup de queue ! Je reviens quand même rechercher Eden. Allez ma fille, c’est maintenant que tu descends ! Un, deux, trois ! Et elle le fait ! Elle racontera sa sensation à elle plus tard… Quant à la mienne, je n’ai finalement pas vraiment peur. Je suis surtout attirée comme un aimant par le géant, et je retourne mettre la tête sous l’eau, pour le regarder encore se mouvoir doucement entre les jambes des nageurs à la surface. Il aspire une immense quantité d’eau pour récupérer le plancton. On dirait qu’il va avaler les jambes de cette touriste, qui se met en tout cas à nager vite. Ca doit faire une sorte d’appel d’eau, cette gigantesque bouche quand même ! Un second requin-baleine s’approche ! Quel ballet ! Fou comme on est près d’eux !
Vingt minutes plus tard, fin de l’observation, remplis d’adrénaline, on rejoint notre gros bateau avec notre petite bangka, qui ne parvient pas à accoster : trop de vagues. Il faut à nouveau sauter à l’eau et nager. Pas grave, je n’ai plus peur !
Puis on repart vers un lieu de snorkeling à l’abri des vagues pour déjeuner. On ne pourra pas dépasser les bouées : les Philippins ici comme à d’autres endroits que nous avons déjà vus, préservent le corail, abîmé par la dernière tempête. Rassurant. En même temps, on n’a pas besoin de dépasser cette limite pour voir, comme on commence à en avoir l’habitude, de magnifiques coraux et poissons (petits cette fois !).
Puis on revient à Siquijor, le sourire béat de ceux qui ont vécu quelque chose d’exceptionnel aujourd’hui.
Je m’interroge quand même sur les méfaits de ce mode d’écotourisme :
- Nous ne devions pas toucher les requins-baleines mais nous étions si près qu’il était inévitable que certains les touchent.
- Nous étions à mon sens bien trop nombreux pour ne pas perturber ces géant, aussi doux et paisibles soient-ils (et le problème n’est pas le danger pour nous mais bien le fait de les laisser vivre tranquillement).
- On sait que les requin-baleines mangent du plancton essentiellement, mais ce qui leur était donné pour les attirer était clairement du poisson. Etait-ce adapté ?
- Le fait de les nourrir n’est dans tous les cas pas une bonne chose. Certes, ceci nous a permis de les observer. Mais à quoi avons-nous contribué ? A réduire leur envie de rechercher eux-mêmes leur nourriture.
- Renseignement pris, ceci perturbe leurs migrations, c’est avéré, ce qui est certainement le plus grave.
Faut-il donc participer à ce type de tourisme ? Je n’en suis finalement pas persuadée….
Tournons la page sur les requins-baleines. Ce soir, c’est Nouvel An, et nous nous apprêtons à fêter la nouvelle année dignement, gonflés à bloc par notre aventure du jour. Alors, jolies tenues (jupe venue d’Inde pour Eden et robe de Chine pour moi), champagne sur notre magnifique terrasse et son coucher de soleil magique, et dîner fin les pieds dans le sable. Mais le Salamangka est un petit établissement, et il n’y a pas vraiment d’ambiance…






Et puis on est quand même un peu fatigués avec toutes nos émotions. On attend quand même les feux d’artifice (grosse tradition Philippine) de notre hôtel, et on se donne rendez-vous pour de nouvelles aventures le lendemain matin.

Le premier janvier, c’est journée « plongée » (enfin, pas pour moi, merci, j’ai déjà vu un requin-baleine hier, ça ira, je reste à la piscine). Les copains se préparent, Geoffrey aussi. Mais Geoffrey a aussi un souci avec le fond marin, et sa dernière plongée remonte à presque 15 ans, à Madagascar, quand il n’a pas pu résister à remonter, ne pouvant plus tenir au fond… Alors aujourd’hui est un grand jour pour lui. Il a d’ailleurs préparé un article pour raconter ça aussi !

Quant à Eden, on espère qu’elle ne sera pas comme nous. En tout cas, elle est la première à l’eau avec Quentin et Leila : ils passent leur “bubble” ce matin : baptême de plongée en bouteille en piscine, histoire de savoir ce que ça fait de respirer sous l’eau. Et…elle y arrive ! Y’a de l’espoir dans la famille. Ouf !

Après ce nouvel-an aquatique, on sent que la fin du séjour approche hélas pour nos amis. Le 2 Janvier, les amis et Geoffrey font une dernière plongée, et on retourne snorkler au sanctuaire marin du Coco Grove. Je n’ai pas envie de sortir de l’eau, je n’ai pas envie que mes amis partent. Je voudrais que le temps s’arrête !
Alors ce soir, pour finir sur une bonne note, on sort dîner dans le meilleur restaurant de poissons de l’île. On y est déjà allés manger une fois, c’est sans façon, pas cher, et délicieux. Parfait ! Petite course en taxi-Jeepney. Tout le monde a envie d’une super soirée. Et elle l’est. On mange délicieusement, mais surtout, le fils du patron du restaurant, qui fait aussi office de DJ, se met à diffuser une chanson française, puis une autre. What ? ici ? On commence par chanter les refrains doucement de ces chansons tristes. Le DJ nous dit qu’il adore la musique française, car il trouve qu’elle vient du cœur. Ha… oui, c’est vrai. Alors on chante de plus en plus fort. On finit par dire à notre DJ quoi diffuser. Et puis.. on ne résiste pas, Delphine, Carole et moi, et puis finalement tout le monde se lève et se met à danser. Et on embarque les serveurs et la patronne. Alors on danse ! Papapaplala… Alors on danse !!! Lalalalalalala !!! Moment de partage génial !
Il faut bien finir par rentrer quand même, et nos Philippins aller se reposer. Ambiance à fond dans le Jeepney retour. Et…C’est fini…
Le lendemain, nos petits Français reprennent l’avion, et nous partons sur Bohol. Le moment de la séparation est difficile. On part en premier, on doit rejoindre le port de ferrys. Trop dur pour moi, j’écrase une larme. Geoffrey est un peu inquiet… Mais non mon chéri, on va la poursuivre notre super aventure, c’est juste que c’est difficile, là, maintenant, de les voir repartir…

Vous avez aimé notre article ? alors n’hésitez pas à liker et partager ! et puis laissez-nous un petit commentaire, on y répondra avec plaisir. Vous pouvez aussi vous abonner au blog ! 😉
1 réflexion sur « Bonne Résolution 2019 : Vaincre ses peurs »