La rivière aux extraterrestres

Gold Coast, 5h30 du matin.

Le soleil est déjà bien levé. Et déjà l’accompagnent sportifs et promeneurs : marcheurs, cyclistes, joggers, un maître et son chien, un premier surfer s’activent le long de la baie… Une voiture, une seule. Ce n’est pas l’heure de se déplacer, mais de profiter des promesses de l’aube.

La mer est à 200 mètres environ. Autant dire aux pieds des tours qui la dominent. Le bruit des rouleaux qui meurent sur cette plage de plusieurs dizaine de kilomètre est permanent. Au septième étage, on est à mi-chemin entre la berceuse, et les murmures amplifiés d’une foule infinie. Une foule qui enjoindrait ceux qui ont le sommeil léger à tutoyer la présence puissante de l’océan.

Le soleil est un peu plus haut. Les rayons bondissent d’une tour à l’autre en se reflétant sur les parois blanches ou minérales des murs de verre. Plus haut, sur les côtés, des grattes-ciel tout juste terminés donnent des allures de ville de science fiction. Un mélange troublant. Une plage de villégiature, et, sans transition, une cité utopique.

Des conifères inconnus sous les latitudes européenne, se dressent jusqu’à 20-30 mètres du sol, Un couple vêtu de noir avance en longeant la langue de sable humide, frôlant les vagues. Ils contrastent avec les sportifs. La femme a un long manteau très fluide. On dirait une cape. La silhouette de l’homme est très élaborée, large aux épaules, ample aux hanches, et très étroite au niveau du mollet. Une forte impression d’avoir changé de planète.

Un jogger a répondu à l’appel des vagues. Il est assis dans l’eau, scrutant l’horizon. Soudain, alors qu’une bande d’écume épaisse le menace, il se redresse et court dans tous les sens, comme s’il fuyait un prédateur. Finalement, il se jette au sein d’un immense rouleau, se libérant de ce qui semble être un excès d’enthousiasme ou une folie passagère. Quelques instants plus tard, il rejoint la plage et repart à petites foulées.

Gold Coast
Entre deux baies, les rochers dans la pointe d’où partent les surfers.

Tout au bout de la plage, en direction du soleil, une avancée rocheuse, haute d’une centaine de mètres et recouverte de végétation, ponctue la longue ligne de sable. A son extrémité, des rochers noirs émergent et fendent les vagues. C’est de là que les surfers les plus expérimentés viendront chercher les vagues les plus longues. Semblable à des chats scrutant leur proie, ils sont immobiles et attendant le bon moment, le bon intervalle, pour bondir sur leur planche et partir à l’assaut des premiers rouleaux qui déferlent et tentent de les projeter contre les blocs de pierre. Ils palment avec leur main et s’enfoncent sous les vagues. Au bout de quelques minutes, ils réussissent à atteindre la zone de formation des rouleaux et avec la même patience que sur les rochers, attendent LA vague. Celle qui leur permettra de prendre le plus de vitesse, faire le plus de figures, sur une pente qui se renouvelle, dans un temps suspendu.

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Gold Coast, surfers près des rochers

Plus tard, des nuées de spectateurs solitaires ou en petit groupe seront accrochés aux parois recouvertes de gazon, sous les arbres.

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S’asseoir quelques instants, pour regarder les surfers

L’endroit est aussi propice aux réunions entre amis, en famille. Ici et là, sur les hauteurs plus plates, un anniversaire, un pic-nique et même, un incroyable salon reconstitué avec des sièges en rotin, des coussins, des tables basses recouvertes de nourritures, dans des couleurs pastelles délicates. Les organisateurs de cet événement, qui est loin d’être spontané, s’affairent aux derniers détails.

15h : la rivière.

Un petit sentier permet de longer la colline et de rejoindre une rivière large d’une cinquantaine de mètres. Les deux rives sont très fréquentées. Ici pas de rouleau, l’endroit est calme et apaisé. Des familles jouent dans l’eau, d’autres trempent, simplement. Peu d’espace pour étendre sa serviette.  Une femme d’un certain âge se dresse fièrement sur une planche de paddle. Elle glisse pour regagner la rive au milieu des baigneurs. En s’excusant dignement, le visage éclairé par un large sourire.

Un couple s’est rapproché du bord en nageant. Il semble très complice. Petit à petit, il sort  de l’eau. Leur corps est de plus en plus grand. Il se dégage une présence qui aimante tous les regards. Ils doivent avoir à peine 20 ans. Tous deux ont un corps fin, harmonieux, sculptés par des muscles longs et souples. Ils font 1m80 ou 85 ou 95 ou 2m. Difficile à dire tant leur silhouette est idéalement proportionnée.

Quelques minutes plus tard, venu de nul part, un autre couple apparaît. Lui aussi a des formes parfaitement équilibrées. Autant le premier était sportif, autant celui-ci est sophistiqué, avec des tatouages, qui leur donnent un air plus sombres.

Mais quelle sorte de gravité a bien pu leur donner naissance ?

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