On décide d’éviter un peu le tumulte d’une grande ville pour notre nouvelle étape : Tokyo, Kyoto, et bientôt Osaka. Hiroshima ne compte qu’un peu plus d’un million d’habitants, loin derrière le « Grand Tokyo » et ses 37 millions, mais on aspire à un peu de calme, d’autant plus qu’on se doute que le passage par Hiroshima sera fort en émotion.
Et puis on a déjà bien craqué sur les Ryokans, et Geoffrey en a découvert un en périphérie, en bordure de rivière et de forêt.

27 Septembre : Hiroshima, cité de la paix
Geoffrey et moi n’avions jamais envisagé ni l’un ni l’autre être un jour présents en ces lieux. Les événements qui s’y sont déroulés, lointains, nous évoquent peut-être moins de choses que les atrocités commises à la même période en Europe. Pourtant, nous y sommes.
Impossible de venir au Japon et de faire l’impasse sur Hiroshima de toute façon. Leçon d’histoire pour notre fille.
Il faut bien qu’au delà de la beauté du monde qu’on espère lui montrer cette année, on la mette en garde contre certaines horreurs dont les hommes ont été capables.
Pour ceux qui auraient un peu « oublié » : Le 6 Aout 1945, alors que le Japon refuse de capituler (On a des ancêtres samouraïs ou pas ? Se rendre n’est pas une option pour un nippon), les Américains envoient sur Hiroshima la première bombe atomique. Bilan : 80 000 morts en une journée, et plus de 200 000 victimes si on compte ceux qui ont péri des effets de la bombe à postériori. Sans compter Nagasaki, 3 jours plus tard.
Les américains auraient calculé les pertes en G.I. en cas d’invasion de l’Archipel. Jugées trop lourdes, ils ont préféré envoyer une bombe A…
Hiroshima est une cuvette (il suffit d’être sur place pour s’en rendre compte : la ville est cernée de montagnes), de quoi maximiser les pertes humaines Japonaises.
Il est vrai que le Japon aura fait la guerre dans le camp des méchants, mais ceci justifie-t-il l’emploi de telles armes ?
Il semble également que le site ait servi de test grandeur nature pour les Américains et ait répondu à deux autres objectifs :
- justifier auprès de la population américaine des sommes investies dans la recherche et développement autour de cet armement,
- démontrer la force des USA aux soviétiques, dans un contexte de guerre froide qui se préparait déjà en coulisses.
Au delà de l’histoire et de l’interprétation qu’on en fait, nous sommes submergés par l’émotion en découvrant le « dôme », ce bâtiment resté debout, et proche de l’épicentre de la bombe.
La ville aura été totalement reconstruite, en dehors de ce bâtiment, et en 1949, elle est nommée « Cité de la paix ». Elle reste aujourd’hui pour tous le symbole de cette paix.

Mais les chiffres ont beau être énormes, ce sont les témoignages au musée de Paix qui nous touchent particulièrement et parlent à Eden, font prendre conscience de ce que fut cette catastrophe : Cette mère disparue que son fils de 8 ans n’aura jamais revu, ce fils, parti pour l’école, que la mère recherchera pendant des jours, en vain.

Et puis l’histoire de Sadako Sasaki, qui a inspiré le monument de la paix des enfants, dédié à tous les enfants morts à Hiroshima : âgée de 1 an en 1945, elle est atteinte d’une leucémie dix ans plus tard. Elle se dit que si elle fabrique 1000 grues en papier, elle sera sauvée (selon une légende, si vous fabriquez 1000 grues en origami, votre voeux sera exhaussé). Elle n’aura pas le temps d’aller au bout, et décèdera avant. Depuis, des milliers de grues sont déposées autour du monument, par des enfants Japonais mais aussi du monde entier.
Après cette journée, on rentre, notre foi en l’homme légèrement ébranlée. Il faut vraiment faire en sorte que tout cela s’arrête…que ce type d’événement ne puisse plus jamais se produire.
Le compte du nombre de têtes nucléaires par pays est tenu au Musée du Mémorial pour la paix. Même s’il a tendance à baisser, il en reste tellement…

28 Septembre : Miyajima, île sacrée, retour à la beauté du monde
Miyajima, c’est l’image que tout le monde connait, celle de la plupart des guides, et l’un des endroits touristiques les plus fréquentés du Japon.
Ca a beau être très touristique, c’est vraiment beau, Miyajima, et après la journée de la veille, on en a besoin. Le fait de visiter en semaine et hors vacances scolaires nous épargne aussi pas mal de foule.
Petite île sacrée (elle abrite un temple shinto) au large d’Hiroshima, ce qu’on connait surtout de Miyajima, c’est son torii « flottant », semblant posé sur les flots à marée haute.
Un petit air de Mont-Saint-Michel souffle ici. D’ailleurs, les deux lieux sont jumelés !

Tiens, on y est aussi accueillis par des daims !! (on vous fait grâce des photos, on va en a déjà suffisamment abreuvés avec Nara, mais on est super contents de les retrouver).
Au delà de l’image de carte postale, ce qu’on connait moins de Miyajima, c’est son relief, très escarpé, qui rend l’ile superbe.

On décide de monter en haut du Mont Misen. Comme il culmine à 535 mètres mais que l’ile est toute petite, ça grimpe fort. On prend donc l’option téléphérique (Eden me sert encore d’excuse :-)) accessible après une petite balade sympa.

En haut, reste encore 30 minutes de bonne grimpette, et franchement, il FAUT monter ! Panorama à 360 degrés. C’est uniquement ainsi qu’on se rend compte de la beauté environnante.

On redescend à pied (beaucoup plus facile), en un peu plus de 1H. Super chouette descente dans la forêt. Eden s’extasie devant tous les champignons ! Ha oui, ici aussi l’automne est là (même si les arbres ne sont pas encore rouges)…

Retour au Ryokan avant de partir pour Osaka le lendemain, alors qu’un nouveau Typhon se prépare. Gloup…

1 réflexion sur « Hiroshima et Miyajima, lieux sacrés. »