J’ai un peu menti : J’avais 2 rêves en Chine : La Cité Interdite, mais aussi (et surtout) voir la Grande Muraille !
Le 12 Octobre, on prend le bus pour se rendre à Gubeikou. On a lu un peu partout qu’il valait mieux aller là-bas, à 150 km de Pékin, la zone étant préservée du tourisme de masse. On a trouvé une petite guesthouse permettant de se rendre à pied à la Muraille. Parfait.
Petite aparté sur les bus publics en Chine : Renseignez-vous vraiment bien au départ. Nous, on part tranquillement pour la gare routière de Pékin, en se disant qu’on verra bien là-bas (enfin, on a un numéro de bus quand même…). Sauf que : personne ne parle anglais et que le côté « attentif aux touristes » chinois est tout relatif, surtout …quand il n’y a pas de touriste…On finit par comprendre comment acheter un billet et combien ça coute (Pas besoin de nous crier dessus ! Ca, ça nous aide pas, hein !!) et nous voilà partis. Pour sûr, pas cher le bus, mais bon, tu vois un bus parisien bien bondé, quand tu es debout dedans ? C’est ça, pendant 3 heures, en enchainant 2 bus en plus. Et comme ici tout est écrit en mandarin, tu pries pour avoir bien compris si tu es au bon arrêt et si tu prends le bon bus…

On arrivera finalement sans encombre, un peu penauds. Ça devait pas être fastoche pour Marco Polo quand même !! OK, on a payé 10 Euros à 3 pour faire 150 Km …OK…

Installation dans notre petite guesthouse (Chengtao Xiaozhu Folk Inn). On a adoré cet endroit tout simple, tenu par Angela. Elle vit ici avec ses parents, son mari et son petit garçon de 18 mois. On se sent tout de suite « comme à la maison ». Elle parle très bien Anglais, nous sert des repas faits avec les légumes de son potager, prévoit le pique-nique pour la marche du lendemain, même les petits souvenirs en perle fabriqués par la grand-mère !

Vivement demain !!
13 Octobre : On a marché sur la grande Muraille !!
Ca y est, le mari d’Angela nous mène à Jinshanling, parce qu’a priori le départ y est plus facile. On finira la journée en redescendant directement chez eux depuis la Muraille. On n’a pas fait de repérage donc on espère qu’on saura par où redescendre le soir, parce qu’elle fait quand même plus de 6000 KM, la Muraille…
C’est le plus grand édifice construit par l’Homme, en longueur, en surface, et en masse : Plus de 6200 km, des murs de 6 à 7 mètres, larges de 4 à 5 mètres, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, cela va sans dire…Elle est aussi extrêmement ancienne puisque les premiers vestiges datent du IIIeme siècle avant JC. En réalité, la partie que l’on connait le mieux est celle construite sous la dynastie Ming (XIVeme / XVIIeme siècle) pour se protéger des Mongoles et Mandchoues venus du Nord.
On avait lu que c’était une partie moins touristique et plus sauvage sauf..que dans la voiture ce qu’on voit nous effraie : d‘énormes complexes hôteliers, en train de sortir de terre, ici on rase littéralement la montagne pour construire des villes de toutes pièces. Ça fait carrément peur ! On ne sait pas ce qu’on va découvrir en haut, mais on se dit que pour le côté confidentiel (qu’on avait ressenti la veille depuis notre petite guesthouse perdue), c’est fichu.
Le tourisme de masse déboule ici à pas de géant, et pour la préservation de l’environnement, on repassera.
On prend notre billet et on grimpe (en mini téléphérique d’un autre temps, qui ne s’arrête pas pour qu’on grimpe/saute dans la cabine, et où on monte 2 par 2). On se dit que quand tous les hôtels seront construits, ça ne tiendra pas une seconde !
Quoi qu’il en soit…Arrivés en haut, soudain, la magie opère, complète. On reste sans bouger. La muraille millénaire est devant nous et serpente de sommet en sommet. Majestueuse, impériale. Après quelques bonnes dizaines de photos, une sommaire étude de plan (gauche droite, faut pas se tromper, c’est grand !), on se lance à l’assaut. Mais pas tout seuls, effectivement.
Heureusement qu’on est dans la partie « peu » touristique ! L’avantage est qu’elle est bien entretenue et rénovée ici. Mais ne vous attendez quand même pas à déambuler complètement le nez au vent. Ça monte et ça descend fort. Au détour d’une tourelle, on ne sait plus comment en sortir. Ha bon, c’est par là ? C’est pas le vide ici ? Non, non regarde, à droite, à 50 cm, tu as une marche. Ha oui, j’avais pas vu dis-donc !




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Ca grimpe bien ! Grande Muraille – Jinshanling- Chine
On pique-nique dans une tourelle. On profite, on resterait bien encore plus longtemps mais il faut avancer…
Au bout d’une 1h30 / 2 heures, on arrive « au bout » : Zone militaire, la suite n’a pas été rénovée. Il faut alors descendre, longer la muraille, s’en éloigner, pour la retrouver à peu près 1H plus tard (si vous ne vous êtes pas perdus). Une petite « balade » totalement « anti-japonaise » par son côté sauvage et non sécurisé. Heureusement qu’on a croisé quelques rubans et poubelles pour se dire qu’on était bien sur un chemin à défaut d’être sur le bon. L’avantage : nous étions seuls au monde, avec des points de vue incroyables.


Retour sur la muraille, de nouveau praticable. Mais toutefois quasi plus du tout touristique, cette fois, et surtout, peu ou pas rénovée. Et là, un sentiment de vertige, réel, me prend : la muraille est ici beaucoup plus étroite, et sans aucun parapet de part et d’autre de ses hauts murs, au delà du fait qu’elle soit construite sur la crête des montagnes… Le vide à droite et à gauche. Vu la largeur, pas de réel danger, évidemment, et Eden et Geoffrey sont très à l’aise. Pour moi… je finis la marche en regardant uniquement mes pieds, et en tenant la main de Geoffrey. Romantique cette grande Muraille ! On fait des pauses pour que je respire et puisse admirer le paysage. Je pense à mes copines Virginie et Béa, qui souffrent de vertige également.

A noter : La muraille est en danger : pas suffisamment de travaux de consolidation, trop de touristes… il est possible qu’on ne puisse plus marcher dessus dans quelques années…
On croise un jeune Anglais et une jeune Française qui travaillent à l’Ambassade à Pékin et passent ici le week-end. Il nous dit que c’est dommage car le ciel est voilé et qu’on ne peut pas voir les montagnes au fond. Vu qu’on trouve déjà que c’est grandiose, on se demande comment ça doit être quand il n’y a pas de brume ….

Retour à notre petite Guest House, sans se tromper de descente, ouf !
Ce soir, Geoffrey m’avoue qu’on ne voit pas la Grande Muraille de la lune (ce qui participait du mythe pour moi), mais tant pis, j’ai réalisé un de mes rêve aujourd’hui… j’espère juste que les Chinois parviendront à préserver ce patrimoine inestimable longtemps encore. J’ai un gros doute…
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