Ce 26 Octobre, on roule vers Chittorgarh, réputé pour abriter le plus grand fort de toute l’Inde, et des temples de toute beauté.
Sur la route, Maesh nous arrête pour admirer un superbe ensemble de temples du 11ème siècle (les plus anciens datent du 8eme siècle), dédiés à Shiva, et leur cascade en contrebas : Les temples Mahanal, qu’on découvre totalement seuls (aucun touriste ici, le site est vraiment en dehors des sentiers battus). On s’imprègne de la sérénité du lieu. J’ai une petite pensée pour Angkor, en découvrant le site.
Arrivés à Chittorgarh, ce qui impressionne, ce sont les dimensions de ses remparts : 280 hectares, perchés à 180 mètres d’altitude. On se sent tout petit en gravissant la colline et en passant les monumentales portes d’accès au fort.
Ses origines restent assez floues, mais ce qui est certain est qu’il abrita la capitale du Mewar (le plus grand royaume Rajpoute du Rajasthan) pendant plus de 800 ans à partir du VIIIeme siècle.
Sa taille et son histoire, ses temples, ses portes et ses tours inspirèrent de nombreuses chansons Indiennes, et évoquent encore aujourd’hui le courage et les sacrifices des fiers guerriers Rajpoutes. Désormais en ruine, il y reste surtout de superbes points de vue, un décor fantastique et de magnifiques temples.
Sur les conseils de Didier, un ami de Geoffrey qui a longtemps eu son agence spécialisée sur la découverte de l’Inde, on a décidé de ne pas faire comme tout le monde (visiter le fort en quelques heures sur la route vers Udaïpur) mais d’y rester 2 nuits, dans le fort-même, au coeur du petit village qu’il abrite.
On loge chez Sutbir et sa femme Parvati, au Padmini Haveli, que nous a conseillés le fameux Didier. De toute façon, pas d’autre logement dans le fort, sinon il faut se loger dans la ville basse, beaucoup moins charmante. Ils ont rénové une ancienne Haveli (les Haveli sont des maisons de maitres, parfois de véritables petits palais, souvent ornés de peintures et de pierres sculptées) et nous sommes sous le charme de la demeure dès que nous en avons franchi le seuil…
Eden et moi décidons de nous rendre au « Son et Lumières » qui se tient dans les ruines du palais « à 10 minutes à pied ».
Sauf, qu’on n’est pas en avance, je suis partie très vite sans noter le nom de notre maison d’hôtes, et que je ne sais pas où on se trouve sur le plan que nous a donné Parvati ! Arg… Repérage impossible dans les ruelles étroites, sans compter les vaches, et tous les gens qui nous regardent. Au final, un vieux monsieur me voit perdue dans le plan et nous indique la direction, et le trajet devient vraiment un moment agréable : ici pas de tuk-tuk, pas de klaxon, que des gens qui nous saluent de façon bienveillante (forcément, on intrigue, on est les seuls « non indiens » à dormir au village ce soir) « Namaste » et des vaches oui, et puis quelques singes à la sortie du village.
Le spectacle en lui même n’est pas des plus impressionnants, mais le coucher de soleil sur les ruines, si. Et on est bercées toutes les deux par la musique, et l’histoire de ces fiers Rajpoutes, qui défendirent tant leur fort, et dont la devise était « Vaincre ou mourir », de ces veuves incroyables qui, en cas de batailles perdues se jetaient vivantes dans les flammes pour rejoindre leurs époux morts au combat (le Jauhar), ou de cette princesse, Meera, qui était persuadée qu’elle était destinée à Krishna.
Quand elle dut se marier, elle se refusa à son mari le prince, et ne cessa de chanter les louanges de Shiva. A la mort du prince, sa famille voulut la faire disparaitre par tous les moyens, mais elle ne mourut jamais. Miracles ? Elle est ici en tout cas adulée comme une déesse (de plus).
Le lendemain, on visite le fort avec Parvati avec son fils « Doudou », 3 ans, en vacances de « Divali » (Divali, la fête des lumière, est une des plus grandes fêtes Indienne, et correspond pour les Indiens à Noel). Ici on sent le côté « village » : Doudou devait faire demi-tour mais a refusé. Alors pour nous guider entre les temples, elle le confie à un « oncle » avec son scooter. « Doudou » nous fait de grands signes, et Parvati explique qu’ici tout le monde se connaît.
Dans les ruines du Palais, elle remet en perspective les histoires entendues la veille au son et lumière et nous initie aux différents dieux au travers des temples que nous visitons.
Ca y est, les pièces du puzzle commencent à s’assembler entre Rajpoutes et Moghols : à Chittorgarh, les gentils, c’était les Rajpoutes donc, alors que les Moghols venaient de Delhi et Agra. Simple non ? Et tout ça se passe autour du XVeme siècle.
Les Rajpoutes ne furent vaincus ici que 3 fois :
- La première fois au XIVeme siècle, par un Sultan de Delhi tombé amoureux de la beauté de la princesse Rani Padmini (qu’il ne connaissait pas mais voulait absolument rencontrer).
- Une deuxième fois au XVIeme siècle, par un Sultan du Gurjarah (état voisin), qui assiégea le fort.
- Une dernière fois au XVIeme siècle toujours, par un empereur Moghol (voir Agra / le Taj Mahal).
A chaque fois, sachant que la défaite était inéluctable, les Rajpoutes pratiquèrent le Jauhar : Les hommes partent au combat, sachant qu’ils vont périr en martyrs, et les femmes se jettent dans les flammes pour éviter d’être outragées par les vainqueurs. Seuls les vieillards et les enfants survivent.
Après la dernière défaite, la capitale du Mewar fut transférée à Udaipur…
Parvati nous fait aussi découvrir la tour de la Victoire, symbolisant l’esprit de bravoure des Rajpoutes.
On découvre aussi les superbes temples autour des ruines du palais : Temple Jain, Temple Meera (la fameuse princesse amoureuse) dédié à Krishna, Temple Kalika Mata, dédié à Kali…
Savez-vous pourquoi les temples ont cette forme de « pain de sucre » ? Pour symboliser l’Himalaya ! La croyance Hindouiste prendrait ses sources là-bas…et la symbolique est exactement la même à Angkor !
On apprend que pour savoir à qui est dédié un temple, il suffit de regarder quel est la monture du dieu, sculptée devant le temple : Garuda, monture de Vishnou, Nandi le taureau, monture de Shiva, et… Mûshika la souris, monture de l’éléphant Ganesh (ça nous fait beaucoup rire, ça !!)
On admire les réservoirs tout autour du fort, garantissant aux habitants de l’eau toute l’année, et où des systèmes de filtres à travers la roche avait déjà été imaginés. Le plus grand était relié par des tunnels avec le palais et servait de piscine aux femmes du roi.
On finit l’après midi par un petit tour dans ce village paisible, histoire de faire découvrir à Geoffrey le plaisir de se perdre dans les ruelles (je maitrise bien mieux qu’hier soir, ça va !).
Singes sur les remparts, personnes se rendant au temple, chants, on sent qu’on est en train de devenir zen, zen !
Le 28 Octobre, Parvati tient à nous montrer l’autre partie du fort, la porte Est, moins connue, et qui était initialement la vraie porte d’entrée dans Chittorgarh. On note son orientation, quasi à angle droit, « pour éviter que les éléphants ne puissent charger et défoncer la porte » et les pics de 10 cm sur la porte, destinés à décourager ceux qui s’y risqueraient quand même (tous les forts du Rajastan sont en fait conçus de la sorte).
On admire le pavillon sur le lac de la fameuse reine Rani Padmini. Prison ? Non, il parait qu’elle aimait être là en été, car il y faisait moins chaud….
Dernier crochet par la Tour de la Renommée, et puis on prend la route pour Udaipur, histoire de voir ce qu’il advint des fiers Rajpoutes.…
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2 réflexions sur « Fort de Chittorgarh : Orgueil des Guerriers Rajpoutes »