Parvati a un prénom de déesse, soeur de Vishnou et épouse de Shiva, incarnant le « principe féminin suprême », rien que ça !
La nôtre tient la jolie maison d’hôtes Padmini Haveli dans laquelle on loge à Chittorgarh.
Elle et son mari Sutbir avaient un rêve : Rénover cette maison pour faire découvrir Chittorgarh autrement aux gens de passage et c’est chose faite. Ils se sont associés à un couple de Suisses, qui les ont aidés dans l’organisation et le choix des travaux à faire. Ils y ont mis du coeur, y ont passé plusieurs années, et ont employé de très nombreuses personnes du village. Pour ça, on sent qu’ils sont très appréciés. On le notera notamment lors de notre visite du fort avec Parvati.
Dans la famille de Sutbir on est guide de père en fils (déjà sa grand-mère était guide). Il nous annonce qu’il est né « bavard » et que sa mère dit qu’il parlait déjà dans son ventre 🙂 C’est vrai qu’on a du mal à l’arrêter. Mais il est tellement sympathique. Et puis lui aussi nous dit « My Home is your home » et ici on se sent comme en famille, comme chez Rajat, à Bundi : notre chambre fait face à la partie de la Haveli qu’ils occupent, et on vit vraiment avec eux : le petit dernier qui vient de naître, la grande qui passe un examen, et la grand mère qui vient aider quelques jours par semaine.
On sent un couple très uni, complice, même. Ils sont Brahmanes. Avant d’avoir des enfants, ils ont pas mal voyagé en Inde et adorent ça, rencontrer des gens. Aussi, c’est parce qu’ils voulaient continuer à rencontrer des gens qu’ils ont eu cette envie de créer une maison d’hôtes, qu’il ne veulent pas forcément remplir à 100% tous les jours, pour pouvoir continuer à échanger avec les gens qui logent chez eux.
On discute un peu plus avec Parvati quand elle nous guide parmi le temples de Chittorgarh. Elle parle un bon français et quand je lui fais remarquer, elle m’explique qu’elle l’a appris à l’alliance française de Pondichéry (ancien comptoir Français aux Indes) et que c’est sous l’impulsion de son mari qu’elle en a eu le courage.
Son mariage ? Arrangé, oui, mais elle, parce qu’elle sort d’une famille éduquée (les brahmanes est la caste des prêtres et des intellectuels), elle a eu le droit de venir au village avant le mariage, pour vérifier si son mari était bien « conforme à la photo » qu’elle avait vue, et s’il avait bonne réputation. Visiblement oui.
Quand je lui demande si sa fille, 13 ans, et qui a l’air de vraiment bien travailler à l’école aura un mariage arrangé ou non, elle réfléchit un peu, pour me confirmer que c’est la tradition; et qu’on répète ce que les grands mères et mères nous inculquaient. Une fille ne doit pas sortir après 18heures / exemple…
Son rôle à elle, Parvati, dans le ménage : Son mari est guide, mais c’est elle la vraie « boss » de la maison d’hôte, et elle aime employer surtout des femmes. Pourquoi ? Leur fiabilité, certes, mais aussi pour leur donner un peu d’indépendance vis à vis de leur « belle » famille.
Alors, même si sa fille ne choisira pas totalement son mari, on sent qu’ils feront tout pour qu’elle ait elle-même cette indépendance, et qu’elle soit heureuse… Mais l’égalité homme-femme n’est pas vraiment une réalité. Quant à ses fils, ce qu’elle leur souhaite ? Devenir guides pardi !
Parvarti nous parle aussi des castes.
Initialement, c’est assez simple, c’est un peu comme chez nous dans le temps :
- Les prêtres, devenus par extension les gens instruits, donc les intellectuels : Les Brahmanes
- Les guerriers, l’équivalent de nos seigneurs : Les Kshatriyas
- Les Autres, notre tiers-état : Les Vaishyas (surtout des marchands) et les Shudras (les serviteurs)
Et hors caste, les Intouchables.
Ensuite, ça se complexifie à l’infini, chaque caste faisant référence un métier, que les hommes ont choisi (enfin, un jour, il y a fort fort longtemps, car depuis on a le même métier de père en fils, et même si on fait un autre métier, on respecte les traditions de sa caste).
Elle nous dit que les Anglais n’ont rien compris. Les castes, ce sont des métiers, et tous sont aussi louables et interdépendants les uns que les autre. Ex : Les brahmanes n’ont pas le droit de toucher au cuir, mais on respecte évidemment ceux qui le travaillent (NDLR : les intouchables car toucher les bêtes mortes, c’est impur)
« Comment imaginer un Indien qui ne respecte pas le métier de son prochain alors qu’ils respectent déjà tant les animaux. Sans la caste des « Serviteurs », les Brahmanes et les Kshatriyas ne sont rien…
Oui, bon, j’ai beau adorer Parvati, je pense que ce sont des discours simples à tenir quand on est Brahmanes et avec lesquels on est moins d’accord quand on est intouchable… Mon oeil d’occidentale encore ? Certainement... mais pas que… car si la constitution de l’Inde interdit la discrimination liée aux castes, elles restent bien vivaces dans la société. A tel point qu’on a imposé des quotas pour la représentativité de certaines dans la fonction publique ou la vie politique…
On quittera Parvati en ne sachant que penser : Sutbir et Parvati ont l’air d’un couple très heureux et épanoui, prenant soin de leurs enfants, aidant leur village, tourné vers les autres, essayant de libérer les femmes de leur carcan, tout en respectant totalement les traditions, en pensant en tirer le meilleur… Un paradoxe typiquement Indien…
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