Tahiti, Moorea, Bora-Bora, les Marquises, rien que l’évocation de ces noms suscite dans l’imaginaire de chacun certaines images du paradis .
Le 15 Février, nous quittons donc la Nouvelle-Zélande le coeur triste après quatre semaines de pur bonheur inattendu, direction la Polynésie Française, l’un de nos rêves….
Un peu avant la naissance d’Eden, nous rêvions déjà de découvrir ces archipels, et nous étions franchement penchés sur la question. Mais rien que le prix du billet d’avion nous en avait dissuadé, et les îles du bout du monde, leur relief accidenté et leurs eaux cristallines étaient restés à l’état de rêve…
Autant dire que la barre est haute à l’arrivée : coup de coeur sur le pays précédent, et énorme attente de notre part.
Sauf que quelques heures avant de rentrer dans l’avion qui doit nous mener à Tahiti, on se rend compte qu’on s’est trompés de jour en réservant notre hôtel !!
Nous décollons de Nouvelle-Zélande le 15 février en fin de journée pour, par la magie du 180° méridien (et la ligne de changement de date), atterrir à Papeete le …15 février à 00H30 (soit 16H de décalage horaire, et une arrivée à J-1 vs décollage).
Nous avons donc besoin d’une chambre pour la nuit du 14 au 15 février, et on a réservé pour la nuit…du 15 au 16 !
Vous suivez ?
Bref, panique à bord, on envoie un message à l’hôtel, et on prie pour avoir une chambre à l’arrivée.
C’est donc le 15 février vers 1H du matin que nous atterrissons à l’aéroport de Faa’a, accueillis comme dans un rêve par des chanteurs avec Ukulele et couronnes de fleurs. On y est ! On y est ! Le paradis, c’est par ici…(enfin, si on ne dort pas sur un banc face à la Marina de Papeete..).

Arrivée à l’hôtel vers 2H du matin, la dame qui assure la nuit a bien eu le message mais, elle a beau parler français, on dirait que ça pose un sacré problème. Non, on ne va pas payer 2 nuits, on veut juste “inverser” la nuit du 15 au 16 par celle du 14 au 15. Et on ne peut pas voir ça demain ? Vous avez bien un lit et on a bien payé une nuit ? Pas simple, simple…
Ouf, on peut enfin se coucher, légèrement refroidis (si on peut dire) par l’accueil de la dame et une chambre un peu “glauque”, d’autant plus qu’il y a des travaux sur toute l’avenue sur laquelle donne l’hôtel. Pour le paradis, on repassera demain…
Le 15 Février au matin (jour qu’on vivra donc deux fois cette année), après une assez courte nuit nous faisons le point avec la nouvelle réceptionniste et sa couronne de fleur (non, sans rire, les femmes ne les portent pas que pour le show, mais vraiment au quotidien, juste pour “être belle”. Ha ! Voilà, ça c’est le paradis !). Finalement il n’y a aucun souci, et nous sommes tellement bien accueillis cette fois-ci qu’on finira par changer de chambre et rester une seconde nuit. (Tout ça pour ça !)
Petit déjeuner exotique comme il se doit, et nous voici partis à l’assaut de Papeete, la capitale de la Polynésie, son coeur administratif et son poumon économique.
Petit portrait de la Polynésie Française :
La Polynésie n’est pas un département d’outre-mer, à l’instar de la Guadeloupe ou la Martinique, mais jouit d’une autonomie beaucoup plus grande, avec son propre président, son propre gouvernement notamment et sa propre gestion budgétaire et sociale. La France n’est présente qu’en termes de soutien économique, de politique étrangère, d’éducation, de justice, de sécurité et de santé. C’est une “Collectivité d’Outre-mer” (COM), et lors de notre séjour, on aura toujours un sentiment un peu double de repères bien français ancrés sur un territoire bien différent de chez nous, et pas uniquement pour sa géographie ou son climat.
Tahiti est la plus grande des 120 îles et atolls de Polynésie, et représente à elle seule le quart des terres émergées, qui elles-mêmes ne représentent que 0,08% de la superficie d’un territoire grand comme l’Europe !
NDLR : Les peuples Polynésiens par contre s’étendent sur un triangle formé par la Nouvelle-Zélande, l’île de Pâques et Hawaï….encore bien plus vaste donc !
Tahiti, elle, concentre 75% de la population de la Polynésie Française, avec un peu plus de 200 000 habitants. Quant à Papeete, avec 120 000 habitants, elle représente à elle toute seule plus de 50% de la population de l’île, alors qu’elle ne possédait que 5 000 habitants au début du siècle et 20 000 dans les années 60 !
Près de 1 habitant sur deux de cet immense territoire, essentiellement marin, vit donc dans cette capitale qui a poussé comme un champignon, ce qui pose pas mal de problèmes, à la fois pour la ville, en termes de développement, circulation, pollution, que pour les habitants des îles reculées, en termes d’accès aux soins ou à l’éducation notamment. De quoi devoir gérer des grands-écarts énormes pour une population totale du pays qui ne dépasse pas celle d’une ville de taille moyenne…
Autant dire aussi que notre séjour à Papeete sera le seul moment où nous croiserons beaucoup de gens 🙂
Et… ce n’est pas à Papeete a priori que nous approcherons du paradis non plus, d’autant plus que si nous choisissons de rester un peu ici, ce n’est pas tant pour son charme que parce que nous devons nous organiser : la vie en van en Nouvelle-Zélande nous a privés de bonne connexion Internet, et d’ailleurs, en Polynésie, les gens ont des réseaux plus que mauvais (nous qui croyions que la data était chère en Nouvelle-Zélande, elle est purement hors de prix en Polynésie. Sans Wifi, point de salut, quand il veut bien marcher…). D’ailleurs ici on fonctionne beaucoup encore par téléphone ou en se rendant en agence pour sa banque, son assurance, ou Air Tahiti.
Premier jour studieux, donc : Prise de renseignements à Air Tahiti pour faire nos choix d’îles à visiter, achat “quand même” d’une puce data, argent, compréhension du système de “pensions” (quasi rien sur Internet : juste des numéros de téléphone disponibles dans des mini-guides fournis par l’office de tourisme ou les hôtels, et puis ensuite ça fonctionne par recommandation, bouche à oreille). Hum, Hum…Finalement avoir gagné 1 jour de vie au départ ne va pas être inutile…
On en profite quand même un peu pour découvrir la ville, qui, contrairement à sa réputation, a un charme certain, malgré ce que je viens de dire. Certes, ce n’est pas l’image de carte postale qu’on a en tête en pensant “Tahiti”, mais sa chaleur tropicale, ses quelques bars et restaurants de front de mer, ses quelques ruelles animées, et surtout son marché ont des atouts à ne pas négliger, et on s’y sent somme toute très bien.
D’ailleurs, pour reprendre des forces, on se rend dans le fameux marché couvert : en bas, mangues, ananas, avocats géants, couronnes de fleurs et bouquets exotiques, stands de monoï et huile de tamanou nous plongent dans l’atmosphère des îles. En haut, quelques boutiques de souvenirs et de perles, et aussi, surtout, son restaurant, où on se régale de poisson cru à la Tahitienne à prix doux (enfin,.. pour la Polynésie). On n’allait pas attendre plus longtemps. Hum !!
L’après midi, on fait un petit tour dans la ville, rachetons un maillot de bain à Geoffrey qui en a perdu un (ça va être assez utile ici), découvrons sa petite cathédrale, sa jolie mairie aux teintes claires et surtout, on en profite pour nous rendre dans une clinique : Geoffrey doit faire une piqûre de vitamine B12, ce qui avait été assez compliqué au Vietnam. On se dit qu’ici on est un peu “en France”, et que ce devrait être plus simple. Et effectivement, nous sommes accueillis par un infirmier ultra sympathique, installé sur l’île depuis quelques années, qui a juste envie qu’on s’y sente bien. Pendant que Geoffrey voit le médecin, il me raconte un peu sa vie sur les îles. Il adore, profite de la douceur de vivre qui lui est offerte pendant ses quelques années d’expatriation. Finalement, le médecin demande au super infirmier de faire la piqûre sans difficulté. Et celui-ci en profite pour m’apprendre à faire une intra-musculaire, histoire de ne plus être bloqués si souci dans un autre pays. Après tout cela, on demande combien on doit. La consultation, la piqûre, la leçon ? C’est cadeau. Bienvenus les amis !
Et c’est vrai qu’on trouve vraiment les gens tous charmants depuis ce matin.
Depuis quelques heures, la pluie s’est mise à tomber. Une accalmie et nous décidons malgré le temps incertain de dîner aux “roulottes”, autre institution du pays. Les roulottes, ce sont des food trucks (ou camion “pizza”) qui servent soit des plats traditionnels, soit des plats asiatiques, ou moins exotiquement des burgers, crêpes ou pizzas. Celles de Papeete sont rassemblées sur la place Vaiete, face aux paquebots de croisière venus faire escale. Et nous décidons de rester dans le poisson cru si délicieux en nous gavant de sashimis de thon (avec une sauce toute tahitienne, un délice !). On nous avait dit de limiter le nombre de plats qu’on commandait vu les portions, mais on n’a pas osé prendre un plat pour trois et nous voici avec une tonne de riz et de frites qu’on ne pourra avaler. Gloups, nous voilà prévenus !

La pluie redouble alors que nous finissons notre repas. Rentrer, déjà ? Mais, mais, tout le monde parle français ici, et le cinéma, il est en Français !! Et si on se faisait une toile ? Ca fait juste 5 mois qu’on n’est pas allés au ciné. Peut être plus ! OK, OK, c’est Eden qui gagne et on va voir “Ralf 2”. J’avoue que c’est un peu frustrant quand on n’a pas vu de bon film depuis autant de temps, mais on a choisi de voyager avec une enfant, et on lui fait plaisir avec bonheur. Les places sont à 14 Euros / personne, Eden inclus ! Heu… Y’aurait pas comme un problème ? On commence à se rendre compte que tout est cher ici !
Allez, ça ne nous gâchera pas la séance, et, bons publics, Geoffrey et moi rions autant qu’Eden…
Le 16 Février au matin, jour où nous pensions débarquer initialement, nous avons déjà un peu d’avance et un peu plus de repères que prévu. Nous avons pu faire notre choix sur les pass inter-îles d’Air Tahiti, et nous rendons vite à l’agence pour réserver nos billets. Nous irons
- Aux Marquises
- Dans l’Archipel des Iles sous le vent (Moorea, Huanine et Raiatea)
Ca y est, on a officiellement cassé la tirelire !
Et puis, on gère la priorité des priorités : la piqûre de Geoffrey pour son Krohn (après la B12 d’hier…). Cette fois-ci, c’est Jean-Louis, le frère de notre grande amie Delphine, installé à Tahiti depuis une vingtaine d’années, qui nous l’a ramenée de France quand il est rentré en Janvier et qui nous l’a gardé au chaud (enfin, surtout au frais :-))) pendant un gros mois. On se rend donc sur son lieu de travail où il nous a donné rendez-vous, le fameux marché couvert qu’on a tant apprécié la veille ! (mais hier, il ne travaillait pas). Voilà Geoffrey reparti pour deux mois sans traitement. Yes ! Mille Merci Jean-Louis !! Nous lui devons une fière chandelle ! (Et Merci à toi, Delphine, de nous avons mis en contact).
Nous déjeunons sur place, et passons l’après midi dans le marché, au bar, à tenter d’organiser nos hébergements, maintenant que nous avons nos vols. Pendant ce temps Eden est sur son IPad, ce qui l’aide à se faire des copines : Des petites filles de marchandes viennent la voir, et elles passent l’après-midi a jouer ensemble.

Nous avons décidé de louer une voiture et d’explorer Tahiti durant quelques jours avant de partir aux Marquises. Après tout, l’île, si elle n’est pas réputée pour ses plages, l’est pour ses montagnes intérieures et ses belvédères. Et pour nous, ce sont ces images de Tahiti qui ont participé au rêve…
Par contre, la météo nous inquiète, il pleut énormément…Il est vrai que ce n’est “pas la bonne saison”, mais dans un tour du monde, on ne peut pas toujours être au meilleur endroit au meilleur moment, et pour avoir déjà éprouvé certaines régions d’Asie ou de Caraïbes hors saisons, on s’était dit “ça va aller”.
En fin d’après-midi, nous récupérons donc la voiture, direction notre première pension, “en bord de mer”, sur la côte Sud, qu’ici on appelle la côte Ouest (allez comprendre), un peu après l’aéroport. On espère bien profiter des flots après ou avant nos expéditions dans l’île.
Mais lorsque nous arrivons, sous une pluie battante, nous sommes accueillis très très froidement pas une très vieille dame et ses caniches. On dirait franchement qu’on la dérange…Elle nous montre où nous allons loger, nous indique où nous garer (la voiture a beau être petite, ça ne passe pas). Le store extérieur de la fenêtre de notre chambre est cassé. Elle dit ‘“je ne peux pas le réparer, je vais attendre que le vent arrache l’autre côté”. Heu…sauf que nous n’avons plus de lumière si ça reste comme ça. Et Geoffrey se débrouille pour démonter la chose, sous la pluie. Nous entrons… C’est très très vieux. J’ai l’impression que c’est un garage aménagé, avec des meubles de grenier…J’en ai les larmes aux yeux. Tahiti, ça ?
La météo reste toujours aussi horrible, et nous devons quand même manger. Nous finirons au Mc Do dans une zone d’activité. Le bonheur 😦
La déprime nous guette sérieusement. Je pense depuis la première fois de notre voyage….
Miracle, nous découvrons que dans cette pension vieillotte il y a Netflix, et nous finirons la soirée devant un bon film en famille, Charlie et la Chocolaterie. Ouf…J’ai juste envie de me gaver de chocolat, moi.
Le lendemain, au réveil, nous nous rendons compte que notre chambre est inondée, c’en est trop…Je ne veux plus rester ici. Et je pense que malgré son “gros caractère”, la patronne m’entend. La jeune fille qui s’occupe des chambres nous propose de changer, pour une “dans la maison”, plus saine. C’est déjà ça.
La pluie s’est un peu calmée mais nous sommes en alerte orange inondations. Il est interdit de prendre sa voiture. Nous voici donc bloqués dans ma pension préférée !! :-((
Je me demande bien pourquoi nous avons loué une voiture, en plus…
Allez, il faut se remonter le moral. Direction, la plage. Enfin, pas la plage, le bord de mer. Pas de sable ici, juste des coraux qui nous empêchent de marcher dans l’eau. Mais la vue sur Moorea juste en face et sur les bungalows sur pilotis de l’hôtel Méridien tout proche nous rassérènent un peu. On n’est pas encore dans les jolies couleurs de lagon attendues, mais il ne manque pas grand chose pour que le soleil perce et que la vue devienne magique.
La mer est difficilement baignable entre le manque de fond et les coraux. Un vieux monsieur nous aborde. Lui “nage” avec une frite (ceux qui ont des enfants voient de quoi je parle). Il nous indique qu’un peu plus au Sud, il y a un meilleur endroit pour la baignade. On a beaucoup de mal à le comprendre, alors qu’il parle Français…et même s’il a très envie de nouer connaissance, nous finissons par rentrer à la pension. Notre propriétaire, peut être pour se faire un peu pardonner de son côté rustre et de la salubrité toute relative de sa pension, nous a concocté un bon hachis parmentier. C’est déjà ça… On passe l’après midi et la soirée prisonniers dans notre chambre alors que la pluie se déchaîne à nouveau…Quand on dit “saison humide”, ça rigole pas, c’est vraiment humide, Tahiti ! Allez, demain est un autre jour…
Et le 18 Février, en effet, à notre réveil, le soleil perce ! L’alerte orange est levée également, on a le droit de prendre la voiture ! Youhou !! Bon, ne rêvons pas, le sommets Tahitiens restent sous les nuages, et les belvédères n’auront pas d’intérêt aujourd’hui, mais la côte est ensoleillée, et notre moral est remonté tout aussi vite. Direction, la côte Sud (ou Ouest, soit), jusque Tahiti Iti (la petite Tahiti, la presqu’île). Ici, on se repère en “PK” (point kilométrique) depuis Papeete, et chaque centre d’intérêt a son “PK”. Premier arrêt assez rapide, au PK 18 sur la plage de Vaiava, pour enfin voir le lagon de Tahiti prendre ses reflets turquoise sur l’une des jolis “petites” plages de l’île.
Le second arrêt, au PK 19, à Pa’ea sera pour le Marae Taata, restauré dans les années 70, et première introduction pour nous à la culture Polynésienne ancestrale. Des blocs de pierre au sol délimitent des espaces qui nous semblent, sans guide, difficiles à appréhender, mais la sérénité du lieu, dont nous sommes les seuls visiteurs, nous envahit.
Troisième arrêt, au PK 22, pour un second Marae, le Marae Arahurahu, paraît-il un des plus beaux lieux de culte des Ma’ohi (he oui, on dit “Maori” en Nouvelle-Zélande, et Ma’ohi ici). Comme précédemment, nous avons du mal à apprécier totalement la porté de ces lieux chargés d’histoire tout en nous laissant haper par la beauté du lieu.
Un “ti’hi” (sculpture à forme humaine) nous accueille. En réalité lui n’est pas d’époque, et a été placé là lors de la restauration.

Nous déambulons dans ce vaste espace. Eden ramasse des fleurs de Tiaré. De quoi habiller sa tresse à la mode locale.
Je suis également sous le charme de ces gigantesques palmiers qui coupent l’horizon et contrastent tant avec les lignes des vestiges antiques.

Quelques panneaux et nos guides touristiques nous apportent quelques informations, de quoi avoir envie de se jeter vraiment dans la découverte de cette culture que nous ne connaissons pas et qui somme toute nous échappe (forcément, on pense plus “mer” que “culture” quand on pense à la Polynésie).
Erigés entre le XVeme le XVIIIeme siècle, à ciel ouvert, constitués de pierres sèches sans mortier, les Marae étaient des lieux religieux sacrés pour les Mao’hi, autour desquels s’organisait la vie administrative et religieuse des clans, ainsi que leur protection contre les guerriers des autres clans. C’étaient des univers célestes offert aux Dieux. Et il n’était pas concevable de fouler du pied le Marae d’un autre clan que le sien.
Lieux à la fois terrifiants et paisibles, on ne s’y rendait que pour prier, et pour les cérémonies religieuses. Les prêtres y entraient en communion avec les dieux. Les cérémonies qui s’y déroulaient étaient constituées de chants, de danses, d’invocations aux ancêtres ou aux divinités, et de sacrifices.
Enjeu de pouvoir entre les chefferies, ils pouvaient s’agrandir si le prestige du clan augmentait, et l’on pouvait en édifier de nouveaux si l’on prenait possession de nouvelles terres.
Celui de Taara est remarquable dans la mesure où il est constitué de trois enceintes et non classiquement une seule. Dans l’une d’elle, des amas de pierres volcaniques mêlées de coquillages et de corail, rappellent que le clan rassemblé autour était un peuple de grands pêcheurs : des rituels religieux, avec offrandes aux divinités marines, s’y déroulaient avant de partir en mer.
Le Ti’hi du Marae Arahurahu, même s’il n’est pas originel, il nous permet d’en savoir plus sur ces sculptures qui ornaient les Marae : les Ti’his et les To’hos
Anthropomorphes, les ti’his étaient sculptés dans la pierre, le corail ou le bois d’arbre sacré. Chargé du mana (l’âme, la puissance, l’aura), il pouvait symboliser une divinité secondaire ou un esprit protecteur. Le ti’hi que nous admirons est un ti’hi féminin, reconnaissable à son collier, et en dessous, les deux larges triangles figurant les seins.
Quant aux To’hos (nous n’en verrons pas), constitués d’une pièce de bois et de reliques (dents, plumes…) recouverts de tressages et de fibre de coco, ils étaient à l’image d’un dieu, qui venait y résider quand les prêtres l’invoquaient. Les to’hos étaient extrêmement importants, car ils représentaient des divinités majeures, et qu’on pouvait se faire la guerre entre clans adverses pour se voler un to’ho si on le considérait plus puissant que d’autres.
Encore bien novices en culture Polynésienne, nous reprenons la route, et doublons quelques villages aux jolies églises (les Dieux Polynésiens sont un peu passés aux oubliettes, même si on continue parfois ici à les invoquer, si le mana est une notion encore aujourd’hui courante, et si l’on respecte au plus haut point les Marae).
Au PK49 nous nous arrêtons au Jardin d’eau de Vaipahi, joli jardin paysagé qui nous plonge dans les plantes et fleurs tropicales colorées. Nous sommes définitivement à Tahiti ! Une jolie cascade invite à se rafraichir (bon, seul Geoffrey sera téméraire).
Nous ne prenons pas le temps de parcourir l’une ou l’autre des trois marches qui y sont proposées : le terrain est plus que boueux et on veut continuer notre road trip. Nous restons donc à déambuler dans la partie basse, entre les bassins, à en apprendre un peu plus sur les plantes que nous découvrons, comme cet arbre pagode venu de Malaisie aux grappes rouges flamboyantes, ces becs de perroquets que nous connaissions déjà en Asie, ou ce banian géant qui nous rappelle les Philippines.
Nous en apprenons un peu plus aussi sur les rituels mortuaires ancestraux et le rôle qu’y jouaient les plantes : Lorsqu’un noble ou une personne prestigieuse décédait, son corps devait reposer dans un fare (maison) spécifique. Il était traité intérieurement avec des mixtures à base de plantes et d’huiles et lorsqu’il était déshydraté, il était oint d’huiles parfumées, embaumé de plantes odorantes et enveloppé de bandes de tapa (écorce végétale). Puis le corps était déposé dans un endroit difficile d’accès, souvent des grottes, avec quelques objets ayant appartenu au défunt.
Histoire de nous remonter vraiment le moral après ces jours maussades, Geoffrey a repéré un superbe lieu pour déjeuner, à “La Plage de Maui” au tout début de Tahiti Iti (la petite Tahiti, la Presqu’île), par opposition à Tahiti Nui (la grande Tahiti). Le cadre est juste…magnifique : si la salle est toute simple, notre table donne juste… sur le lagon, bien bien turquoise cette fois-ci, et à nos pieds des dizaines et des dizaines de poissons attendent quelques miettes. Ha ! Le paradis n’est plus très loin.
Le déjeuner est délicieux, et pour nous rafraîchir, nous décidons de faire quelques brasses dans ce joli lagon, depuis la mini plage, juste à côté. Seule une famille polynésienne se baigne ici. Ha…une fois de plus, pas de fond et un sol corallien qui fait vraiment mal aux pieds. Et le snorkeling est un peu décevant…Alors, en copiant la famille à côté de nous nous découvrons la technique toute locale du “trempage” : Tu t’accroupis dans l’eau et tu profites de ne rien faire. Si tu veux, tu bavardes et tu ris. Eux ont carrément amené une planche de body-surf qui tient lieux de table flottante et la maman y sert des jus et du gâteau pour le goûter. On n’est pas trop mal, c’est vrai…je finis par sortir de l’eau pour carrément faire la sieste, moi 🙂

Une bonne grosse heure plus tard, nous reprenons la route vers le bout de la presqu’île (enfin, la fin de la route carrossable). Les Tahitiens adorent leur presqu’île et beaucoup y ont d’ailleurs une petite résidence secondaire, pour y passer le week-end ou les vacances. Ici, rien ne semble avoir bougé depuis les années 60. Tout est calme. Au bout de la route, une belle plage de sable noir, où se jette la rivière venue du volcan. Petite baignade de Geoffrey et Eden dans les rouleaux.
On est ici à Taehupoo, là où prend forme la vague mythique pour les surfeurs du monde entier, l’une des plus fascinante au monde, réputée pour sa dangerosité. Surfée depuis toujours par les locaux, elle fait depuis une dizaine d’année partie des épreuves phares des compétitions internationales.
Il faut savoir que le surf en Polynésie, s’il fait partie de la culture ancestrale, n’est pas chose facile : les vagues y sont courtes et puissantes, et vous projettent directement non sur une plage de sable blond, mais des récifs affûtés. Et parmi les spots de surf, Taehupoo est, avec sa vague, LE Spot, hors catégorie. Bon, nous, nous ne la verrons que de loin, cette vague : pour l’approcher vraiment, il faut un bateau, en réalité…Mais on aime bien quand même l’ambiance de Taehupoo. Nous nous baladons dans le village aux chemins de terre, pour arriver à une autre jolie plage de sable noir. On résiste à une ultime baignade : il serait temps de repartir si l’on veut rentrer avant la nuit.
Le coucher de soleil nous prend en route. Ca tombe bien, on est sur la côte Ouest, et nous avons plaisir à l’admirer pendant quasi tout le retour. Je ne sais si c’est la saison ou la pluie des derniers jours mais il est.. exceptionnel, se parant de teintes rouge, orange, violettes !
De retour dans notre pension “préférée”, le moral est au top ! Demain nous changeons de pension et allons explorer la côte Est. Et si les nuages sont sympas, on pourra même aller jusqu’au belvédère, enfin !
Pour fêter ça, nous invitons Guy, le vieux monsieur à la frite dans l’eau, et Maeté également pensionnaire ici, que nous croisons depuis quelques jours, à prendre l’apéro avec nous. Rassemblement improbable… Canadien, Guy est en fait un grand voyageur depuis toujours, et il est déjà venu de nombreuses fois en Polynésie, entre autres. Mais il a aujourd’hui la maladie de Parkinson, et c’est pour lui peut être le dernier voyage “en solo”. C’est pour ça qu’on a parfois du mal à le comprendre, entre l’accent Québéquois et la maladie…Mais on lui tire notre chapeau, quel courage ! Et Maeté, elle, loge ici “à durée indéterminée” : Originaire d’une autre île de l’Archipel des Iles sous le vent, elle a posé un congé sans solde pour se lancer dans son propre business de vente de bijoux en perle de Tahiti, mais le succès n’a pas été assez important. Elle doit reprendre son travail dans l’administration prochainement et déprime un peu…Mais notre bonne humeur déteint sur nos nouveaux amis. Après une chasse au crabe improvisée avec Eden, Maeté lui offre un petit bijou souvenir. Ho Merci !!
Le lendemain, à peine sortis de notre chambre, la déprime nous saisit de nouveau. Il pleut encore !! Impossible d’aller explorer la côte Est, et pour le belvédère, c’est définitivement râpé ! OK, puisque c’est comme ça, nous décidons de retourner vers Papeete, et de faire les musées..Nous déjeunons de nouveau au marché, que décidément on adore, et partons pour la visite du Musée de la perle. En réalité, c’est un homme ayant fait fortune avec le commerce des perles de Tahiti qui a ouvert une “boutique-musée”, plus boutique que musée. Avec nos vêtements de voyageurs au long cours, sûr qu’on ne ressemble pas à ses clients habituels, et on le sent à l’accueil de l’homme qui vient nous ouvrir la porte. Pas des clients, ça ! Mais la partie musée est gratuite et ne manque pas d’intérêt. Et la partie boutique nous permet de voir des pièces de toute beauté.
Les perles sont symboles d’amour, de fertilité et de pureté, et sont censées écarter le mal. On y découvre la légende Tahitienne de la perle de Tahiti : “Te Ufi”, l’huître perlière à lèvre noire, est fille de l’esprit du corail, “Okana”, et de l’esprit du sable “Uaro”. Elle est parée d’une robe étincelante héritée de chaque poisson du lagon. C’est “Oro”, dieu de la paix et de la guerre, qui descendit du ciel sur un arc en ciel pour l’offrir aux hommes.
Au départ, les hommes allaient pêcher l’huître sauvage en apnée, ou avec des pailles de bambou pour respirer. Ensuite fut développée l’agriculture perlière et les techniques de greffe pour maximiser la production. La palette de couleurs va du vert profond au rouge, certaines perles peuvent même avoir plusieurs couleurs en même temps.
Sa valeur dépend de la forme, plus ou moins ronde, de son lustre, plus ou moins parfait, de sa couleur, plus ou moins recherchée, et de sa taille…
Nous décidons ensuite de nous rendre au musée de Tahiti et des îles qu’on nous a fortement recommandé pour mieux comprendre la culture polynésienne, que nous avons touchée du doigt hier. Sauf que lorsque nous arrivons, le musée est fermé depuis plusieurs mois (visiblement personne n’était au courant à Papeete !) pour rénovation.
Bon, quand ça veut pas, ça veut pas. Nous nous dirigeons vers notre nouvelle pension. Bonne surprise, non seulement les gens qui nous accueillent sont adorables, mais en plus la chambre est impeccable, et, cerise sur le gâteau, il y a une petite piscine ! Geoffrey et Eden font un plouf dans l’eau (sous la pluie). La journée se termine de façon studieuse avec les leçons et le blog. Ce soir, Jean-Louis et Alberto, son compagnon, viennent nous chercher pour dîner dans la meilleure pizzeria de Papeete. Une soirée enjouée et fort sympathique avec deux personnes au grand coeur pour finir notre séjour à Tahiti sur une belle note.
Demain, nous prenons l’avion, direction, Les Marquises !
Vous avez aimé notre article ? alors n’hésitez pas à liker et partager ! et puis laissez-nous un petit commentaire, on y répondra avec plaisir. Vous pouvez aussi vous abonner au blog ! 😉
1 réflexion sur « Réalisation d’un rêve : Voir Tahiti »