Le 1er Avril s’achève notre séjour à El Chalten, au sein du Parc National Los Glaciares, bijou de la Patagonie Argentine pour un autre trésor, le Parc National “Torres del Paine”, de l’autre côté de la frontière, au Chili.
Pour cela, nous prenons un bus à 9H du matin pour revenir à El Calafate, où nous pensons passer le reste de la journée, et même une nuit. Arrivés à la gare routière d’El Calafate, nous nous renseignons sur la façon de rejoindre le Chili. Et alors que nous pensons partir le lendemain, un couple de jeunes voyageurs au long cours nous indique qu’ils viennent de prendre leur billet pour Puerto Natales, de l’autre côté de la frontière. Le bus part à 12H30 aujourd’hui. Juste le temps d’acheter des empanadas et de réserver un hébergement sur booking. Nous allons ainsi gagner une journée. De toute façon il fait gris de nouveau, et nous n’avons pas grand chose à faire de plus en ville, à El Calafate.
Le bus évolue dans un paysage boueux, sur des routes non asphaltées : on commence à être habitués aux pistes de Patagonie. Le voyage n’est pas le plus gai qu’il soit, et nous ne profitons pas franchement des charmes de la région.
Juste avant la frontière, notre chauffeur nous fait descendre dans un no-man’s-land où seul un café fait office de gare routière. Un nouveau bus finit par arriver. Nous pouvons recharger nos bagages et repartir.
Arrivés à la frontière, nous avons déjà englouti notre déjeuner depuis un bout de temps, et tant mieux : les douaniers Chiliens ne rigolent pas et sont aussi stricts que ceux de Nouvelle-Zélande, le côté didactique en moins. Nos sacs sont entièrement fouillés (les gros comme les petits, et tout le bus y passe) : interdiction de faire rentrer dans le pays fruits, légumes, graines, charcuterie, cailloux..miel. De bonne foi je présente le sac qui contient notre nourriture, et le douanier m’indique que je suis en faute car nous transportons un saucisson et du miel..que nous sommes obligés de jeter (!!). Il prend ma déposition, m’enregistre comme “fautive”. Si on avait su, on aurait tout mangé avant…Je parviens à détendre un peu l’atmosphère, mais quand je lui fais quand même part de ma surprise car je ne vois aucun panneau informatif, il me renvoie sur les conditions générales indiquées en caractère 6 au verso du formulaire d’entrée dans le territoire… OK, donc il faut TOUT lire… Mais nul n’est censé ignorer la loi. J’en suis bonne pour une menace d’amende “si ça se reproduit”. N’importe quoi…
Bref, si vous entrez au Chili, mieux vaut le savoir et faire le tri avant de passer la frontière.
Nous arrivons à Puerto Natales alors que la nuit tombe. Les maisons sont ici toutes ceintes de tôle, ce que nous avions déjà remarqué à El Chalten. La raison en est simple et évidente une fois qu’on vous l’a donnée : il s’agit de lutter contre les froids hivernaux.
Geoffrey veut me convaincre de partir dès le lendemain pour la randonnée des trois Torres, 1300 mètres de dénivelé, dans le parc Torres del Paine. Mais j’ai encore des courbatures, moi…et puis t’as vu le temps ?!
Nous faisons rapidement les courses et dînons dans notre nouvelle cabana (on aime bien le concept de ces mini-maisons). Demain il fera jour…
Le 2 Avril, le temps est encore pire que la veille. Il pleut sans arrêt. Je n’ai pas du tout envie de sortir, et il n’est de toute façon plus question de grande randonnée aujourd’hui…la déprime nous guette. On aurait dû arriver en Patagonie plus tôt, on s’enfonce déjà trop dans l’automne, etc, etc.. débats inutiles. Et puis nous sommes quand même fatigués : depuis notre arrivée en Argentine, nous dormons mal et nous enchainons peut être trop. Ca fait à peine 10 jours qu’on est sur le continent Américain…La matinée passe… à rien. Pas même bouquiner, pas même faire le blog, pas même une leçon pour Eden. Finalement notre journée d’avance, nous sommes en train de la perdre.
Et puis, pour déjeuner, Geoffrey a une très très bonne idée : il m’invite au restaurant : il a découvert un petit restau traditionnel pas loin de la cabana, où ils servent le fameux “cordero patagonico”, agneau entier cuit à même les flammes. Hum… il me connait bien mon homme, et cette perspective me réjouit (enfin !).
Un peu plus tard, nous voici attablés dans une grande salle traditionnelle où les gens du coin viennent déjeuner, devant de gros morceaux d’agneau disposés sur un mini barbecue de table “pour ne pas refroidir”, un bon verre de vin chilien à la main. Ha ! Ben voila ! Là on est BIEN ! Et on se régale ! Le serveur nous regarde d’un air attendri. On fait plaisir à voir visiblement. Super plan ce restau sans touristes (La Picada De Carlitos, si vous passez par là) !

Maintenant que nous avons retrouvé notre énergie, nous décidons d’explorer la ville, malgré le temps si maussade. Après tout, on a nos super parapluies… La place d’armes doit être assez jolie avec un rayon de soleil. Une vieille locomotive rappelle le passé pionnier de la petite ville (20 000 habitants).

Malgré sa taille c’est la capitale de la province de Ultima Esperanza (traduisez “dernier espoir”, ça donne le ton), au sein de la région de Magellanes et de l’Antarctique Chilien (j’adore me trouver dans une région qui s’appelle “Antarctique”, le bout du monde est proche : Nous sommes déjà à 2000 km au Sud de Santiago de Chile !…).
Il faut dire que le climat hostile ne donnait pas trop envie de s’y installer : Peuplée originellement par les Amérindiens Alakalufs et Tehuelches (les mêmes qu’à El Chalten), ce furent d’abord des Allemands et des Anglais qui s’y installèrent au XVIIIème et XIX eme siècle pour y pratiquer l’élevage. Mais la ville ne fut officiellement fondée qu’en 1911. Quand on vous dit que c’est une ville de pionniers.
Nous nous dirigeons vers ce que nous croyons être un lac. En réalité, il s’agit du canal de Sinoret, et la ville est entourée de glaciers et de fjords que nous devinons, en face, perdus sous la grisaille. Sentiment de bout du monde…
Photo souvenir devant le “ponton”, cliché obligatoire quand on visite la ville. Mais décidément le temps est trop mauvais. Nous hésitons même à partir dès le lendemain pour Punta Arena, un peu plus au Sud. Mais ceci multiplierait encore les étapes que nous nous efforçons de limiter…
Finalement, nous nous dirigeons vers les agences : s’il fait trop mauvais pour randonner seuls, au moins peut-on envisager une journée en minibus pour avoir un aperçu du parc de Torres Del Paine. On est venus pour le découvrir alors, allons-y… et puis avec le van au moins on sera au chaud, et au sec.
Le lendemain, 3 mars, nous partons donc dans la nuit et sous une pluie de neige fondue vers le Parc National “Torres Del Paine”, le coeur et les paupières un peu lourds.
Le parc est réputé pour ses montagnes immenses, ses icebergs bleu-clair, ses glaciers et sa pampa dorée où évoluent des animaux sauvages, mais que verra-t-on sous la pluie ?
Avantage : nous ne sommes que 6 au total, 8 avec le chauffeur et la guide. On a une excursion quasi privée. Mais je comprends bien en écoutant la guide qui s’adresse au chauffeur (sans se douter que je comprends bien l’espagnol), qu’elle-même est très pessimiste…
Au premier arrêt, à environ 25 km de Puerto Natales, il fait un froid polaire, mais qu’à cela ne tienne, on ne va pas pleurer toute la journée. Nous voici prêts à rencontrer le célèbre Milodon, le symbole de Puerto Natales. C’est un herbivore préhistorique, ressemblant à un paresseux géant, de 3 mètres de haut, qui pesait une tonne, et qui vécut dans la région il y a à peu près 14 000 ans. Et nous nous trouvons très exactement dans sa grotte, une cavité impressionnante de 200 mètres de profondeurs sur 80 de large et 30 de haut, déclarée ”Monument historique” en 1968 puis “Monument National” en 1993.

A la fin du XIXème siècle, sa découverte par un Allemand fut d’une importance majeure, révélant une foule d’informations jusqu’ici méconnues aux archéologues et paléontologues du monde entier.
Il faut savoir que la Patagonie, et plus largement toute l’Amérique du Sud, est remplie de traces d’animaux préhistoriques. Grâce à cette découverte, on fut capables de décrire la faune de l’époque, mais aussi la vie des premiers hommes qui vécurent dans la région, y trouvant un refuge contre le froid ambiant et les bêtes sauvages.
Actuellement, seule une petite partie de la grotte a été découverte, et son sous-sol recèle encore de nombreux restes d’animaux disparus, mais aussi humains. Aussi, nous évoluons sur un chemin très balisé dont il est formellement interdit de sortir. Nous nous enfonçons en silence vers les mystères des profondeurs de la grotte. Des traces, des ossements s’offrent à nos yeux une fois ceux-ci habitués à l’obscurité. La balade s’achève bien vite tout de même.

A la sortie, un milodon en pierre plus vrai que nature nous attend pour l’incontournable photo souvenir.

Nous rentrons bien vite nous réchauffer dans le mini-van et roulons patiemment (en finissant doucement notre nuit) vers le Parc Torres Del Paine, à 150 km de Puerto Natales.
Nous nous arrêtons bien avant l’entrée du parc, à un premier mirador, à la Laguna Verde, nous offrant une magnifique vue sur les fameuses Torres, les trois tours, cathédrales de granite, qui ont donné leur nom au parc, et culminant, pour la plus haute à 3050 mètres d’altitude. Il a neigé cette nuit et le ciel nous fait l’immense plaisir de nous laisser apercevoir les Torres dans ce décor en noir et blanc, magique, irréel. Notre guide sautille comme une enfant, trop fière de pouvoir nous montrer la merveille. Elle n’y croyait pas elle-même ce matin :-). Elle fait plaisir à voir, notre guide survoltée. Au moins elle ne s’est pas trompée de métier.
D’ailleurs, toute ragaillardie, elle ne cesse dans les kilomètres qui suivent de faire arrêter le chauffeur, pour que nous puissions admirer dans la pampa les majestueux condors (nos premiers ! Splendides animaux), des nandous baissant la tête comme leurs cousines Australiennes, ou encore des jolis guanacos, grands lamas sauvages au pelage brun clair. Les renards et les pumas resteront cachés, mais nous sommes trop contents déjà de pouvoir voir évoluer ainsi ces somptueux animaux en liberté.


Nous parvenons enfin à l’entrée principale du parc, à la Laguna Amarga. Nous faisons la queue pour les tickets d’entrée, et nous informons des conditions meteo du jour, et du lendemain (on ne sait jamais). Bon, pas glorieux :

- 3 Avril : Vents à 70 km/h – Températures entre 2 et 9 degrés. Nuages et Soleil (Soleil ??)
- 4 Avril : Vents à 80 km/h – Températures entre 2 et 10 degrés. Pluie, Pluie…
- 5 Avril : Espoir possible…mais on sera déjà partis…
Quant aux tours, que nous sommes censés voir de plus près ici ? Elles ont déjà disparu sous un écran de nuages.
Nous reprenons place dans notre mini-van et bifurquons sur la gauche. Nouvel arrêt “Guanacos”. Je tente une approche. Sans succès. Sont sauvages ces jolies bêtes-là…
Nous traversons des paysages de steppe rappelant les couleurs de El Chalten côté Argentin, en moins coloré (normal, vu le temps…) et nous rendons compte que le parc est immense. Géographiquement, il partage sa limite nord avec le Parc Los Glaciares d’où nous venons. Géologiquement, ses sommets se sont formés par le déplacement vers le Nord de la limite entre la plaque Antarctique et la plaque Nazca. En conséquence : la création du massif del Paine, bien postérieur à la formation des Andes.




Le Parc, créé en 1959 et déclaré “réserve de la Biosphère” depuis 1978 par l’Unesco compte 8 glaciers, plus de 40 sommets (dont les deux plus emblématiques sont les trois Torres, et le Cuerno, sommet qui dirait-on.. a des cornes) mais aussi pas loin de 40 grands lacs ou étangs. Et face à cette nature gigantesque, on ne peut que se sentir…minuscule.
Il a arrêté de pleuvoir, et nous découvrons avec bonheur ces paysages fabuleux de lagunes glaciaires et de hauts sommets, nous réfugiant vite dans le mini-van quand le froid se fait trop intense. Bonne formule finalement, pour avoir un bel aperçu du parc. Le soleil a même fini par pointer quelques rayons pour éclairer ici une lagune glaciaire, là un îlot au milieu d’un grand lac.
Un mirador sur une lagune nous donne à voir l’autre maître des lieux, le Cuerno, 2600 mètres quasi verticaux, en aplomb d’un lac turquoise, d’une beauté énigmatique, avec ses pointes enneigées, son sommet sombre, et ses flancs clairs, se reflétant dans les eaux qui l’entourent.
- El Cuerno – Torres del Paine – Patagonie – Chili
Nous sommes censés marcher jusqu’à une jolie cascade bleutée, le Salto Grande. Las, notre guide, aussi enthousiaste soit-elle, a quelques responsabilités envers nous, et nous indique que ce ne sera pas possible : trop de vent. Grrr…On est un peu dégoutés quand même…On n’a vraiment pas marché depuis le début de la journée, et maintenant que le soleil brille…on y serait bien allés, nous !

Mais nous allons vite retrouver le sourire : Notre mini-van s’est arrêté devant l’hôtel Lago Grey, certainement l’hébergement le plus luxueux du parc, avec son Mirador sur le lac du même nom. Nous avons embarqué notre pique-nique, mais il fait un peu trop froid pour le manger dehors. Et puis les deux Japonaises qui font la sortie avec nous aujourd’hui ont un repas prévu ici. Alors, on nous laissera le droit de sortir nos sandwichs au bar de l’établissement, sous réserve de prendre un café, bien confortablement installés dans de moelleux canapés, face à l’immense baie vitrée donnant sur le lac. Wahou !!! OK pour un café ! Sûr ! Si on n’était pas en tour du monde et qu’on avait un budget “no limit”, on dormirait bien ici, tiens, plutôt que dans notre vieille cabana à 150 km ! Nous avalons donc un peu honteux de notre tenue de routard notre maigre pitance dans une environnement des plus chics, face à une nature reine, désormais totalement éclairée par le soleil.
Après déjeuner, nous partons pour une petite promenade (ouf, ça nous manquait vraiment !) sur la plage, le long du Lago Grey, pour nous rapprocher des icebergs du lac et voir le glacier Grey, au fond du lac, sur la rive opposée. Nous passons un pont de singe, remontons le long de la berge. L’occasion pour Geoffrey et Eden de bien se défouler ! Et puis nous atteignons la petite bande de sable que nous sommes censés pouvoir traverser pour voir l’autre bout du lac et son glacier. Mais depuis que le soleil a pointé, la neige de cette nuit a fondu…et les eaux du lac sont montées. On ne peut plus passer ! Quelques intrépides venant de l’autre rive passent en courant. Et nous parviennent… trempés. Bon, OK, mais c’est du lac glaciaire donc avec une eau à… disons…2 degrés ? Personne n’a finalement envie de finir les pieds trempés et nous renonçons tous….au grand soulagement de notre guide.
Retour à notre mini-van. Il ne nous reste plus qu’à parcourir les 150 km de retour. Une très belle journée finalement. Nous sommes trop heureux d’avoir pu voir le parc et ses trésors.

Le soir, plan de bataille : le circuit en W, le must de la rando que les trekkeurs viennent accomplir ici, on oublie : de toute façon, ça se fait en 4-5 jours. Le trek jusqu’au Mirador de la base de las Torres nous trotte dans la tête, forcément, même si on sait qu’il est au moins aussi dur que celui de la Laguna de los Tres de El Chalten…
Mais bon, le vent annoncé à 80 km/h, les températures très basses…on verra demain…
Ce qui est sûr : on a été trop frustrés aujourd’hui côté marche.
Et le plan reste en friche pour la nuit. Seule chose validée : on y retourne, par nous-mêmes (en plus nos billets sont valables pour demain également) !
Le 4 Avril, il a encore plu toute la nuit…Nous montons dans le bus en nous disant que vraiment, la marche jusqu’à la base de las Torres, ce n’est peut-être pas le plus raisonnable…Et puis comme prévu, il fait bien bien froid, et il y a beaucoup de vent…
Nous repartons donc une seconde fois dans la nuit pour deux heures de bus (public, cette fois-ci, beaucoup moins cher).
Nous décidons de nous rabattre sur une mini-rando : On a trouvé le Cuerno vraiment magnifique la veille (à défaut des Tres Torres entre-aperçues), et on a été particulièrement déçus de ne pas pouvoir aller jusqu’à la cascade Salto Alto. Il y a une petite marche de 3 km jusqu’au Mirador Cuerno qui passe juste à côté de la cascade. Faisons ça ! On ne devrait pas mourir gelés.
Nous nous arrêtons donc à Puteto (le second arrêt du bus, dans le parc des Torres del Paine), pas très loin du Salto Grande.
Petit café pour se réchauffer : il y a un refuge ici. Equipement maximum.
Et c’est parti pour l’exploration du parc, à pied. Premier arrêt à un mirador donnant un magnifique point de vue sur le Lago Pehoe. Le vent souffle. OK pour la photo, mais on ne va pas rester longtemps plantés là, au bord des rochers… On redescend tant bien que mal, en se baissant franchement.




Nous poursuivons notre route.
Quelques centaines de mètres plus loin, dans un paysage assez désolé, nous parvenons à la fameuse cascade. Magnifique ! 10 mètres d’eau turquoise en gros bouillons se déversant du lago Nordenskjöld dans le lago Pehoe. Vivifiant ! Par contre, Eden et moi devons franchement nous tenir à la barrière de sécurité : on ne tient pas debout !! Je comprends un peu mieux les craintes de notre guide la veille, mais n’empêche, on est bien contents d’être là, c’est trop beau. Geoffrey passe sous les barrières pour s’approcher un peu plus. Et là, je fais ma rabat-joie. Non mais franchement ! C’est pas le moment de tomber à l’eau !




Quelques instants plus tard, nous poursuivons notre chemin. Ici, un énorme incendie s’est produit en 2011, laissant encore aujourd’hui des troncs brûlés apparaître sur un sol érodé, témoins silencieux de cette tragédie qui élimina des milliers d’hectares de verdure… Ceci à cause de la négligence d’un touriste !! J’espère qu’il a bien honte celui-la.
Une petite heure de marche totalement seuls, sans difficulté réelle nous mène au Mirador du Cuerno. Enfin, si, une seule difficulté : Eden s’envole littéralement ! Je ne parviens pas vraiment à la maintenir debout même en lui tenant la main, et son père est obligé de prendre le relai.



Au détour d’un virage, quelques guanacos viennent nous saluer. Nous en verrons des dizaines aujourd’hui, gardiens du Cuerno, insensibles à la rudesse des éléments avec leur pelage tout douillet et tout doux (enfin, j’imagine, car je ne parviendrai pas plus que la veille à en caresser un…).
La steppe jaune, le vent, le turquoise clair des eaux glaciaires, le blanc de la neige, le noir de la roche, la douceur des guanacos, un rayon de soleil transperçant le gris du ciel, venant illuminer une partie des paysage…nous sommes grisés par tant de beauté (et saouls de vent). Émotion intense (mais, surtout, ne pas lâcher Eden !).

Lorsque nous parvenons au Mirador, le vent se calme (ou alors nous sommes à l’abri ?). Nous retrouvons également quelques âmes égarées, dont Grégory, le Français que nous avions croisé à la fin de notre randonnée à El Chalten, et qui avait flashé sur Eden.
Nous pique-niquons sur place. Mais avant, séance photo obligatoire, forcément.




Là, je suis mi-amusée, mi-désespérée : Alors que nous ne faisons que lutter contre les éléments depuis le début, une jeune instagrameuse, jusque là parée comme nous d’une tenue de combat anti-froid sort de son sac à dos une robe légère toute de tulle rouge. Ha ben voilà, la magie de ces photos de filles parfaitement habillées et maquillées en toutes circonstances, en n’importe quel lieu !! J’opte finalement pour être totalement affligée !! Non mais ce n’est pas ça le voyage, la découverte ! Et pourtant, nous en croiserons pas mal, des personnes de ce type, ne pensant qu’à faire des selfies plutôt que d’apprécier l’environnement exceptionnel dans lequel elles sont !
Bref, laissons la pour ce qu’elle est, et apprécions, nous, l’instant présent. Pas trop longtemps quand même : on se refroidit vite, sans marcher ! Encore quelques moments devant les eaux turquoises du lago Nordenskjöld et l’impressionnant Cuerno, et puis demi-tour, retour au refuge, la main d’Eden toujours bien calée dans celle de son père.
A un moment, le spectacle est trop beau. Je m’arrête : le vent soulève l’eau laiteuse du lac, créant des sortes de vagues de gouttelettes, magnifique. Je sors mon IPhone pour saisir l’instant. Jusqu’à ce que…la bourrasque humide et gelée s’abatte sur moi, me faisant reculer d’un bon mètre. Bon, finalement, pas beaucoup plus intelligent que les photos des starlettes Instagram, ce que je viens de faire..;-)

Nous arrivons bientôt à la barrière qui marquait le début de la marche. Hum…en fait elle était fermé pour cause de meteo instable cette randonnée… Ha…bon ben on l’a faite…
Nous atteignons le refuge un peu plus loin. Un thé, un thé, CHAUD, s’il vous plait ! Finalement, 2 ou 3H dehors à braver les éléments, c’était bien, ça suffit. Grégory nous rejoint. En fait il ne sait pas trop comment il s’est retrouvé là, il a confondu les arrêts de bus :-)))
Il décide de rentrer à Puerto Natales avec nous.
Nous remontons à bord en début d’après-midi. Le car fait un stop à la Laguna Amarga. Le soleil brille maintenant très fort, et le ciel s’est complètement dégagé. Nous courons au Mirador des Torres del Paine. Peut être les verra-t-on mieux que la veille ?? Non, elles restent, elles, totalement enveloppées dans leur voile de nuage. Un randonneur nous aborde. Il est hyper fier de lui : il vient d’achever la randonnée en W, il nous annonce qu’il a parcouru 45 km “en courant” et que c’était “trop facile”. OK, OK, on ne joue pas dans la même cour…Il nous fait quand même regretter de ne pas avoir tenté de camp de base des Torres…Mais bon, il nous évoque aussi le “Windy Pass” (la passe venteuse). J’ose pas imaginer ce que ça aurait donné aujourd’hui…
Avant de remonter dans le bus, nous nous amusons des guanacos qui squattent littéralement les lieux, habitués aux hommes, tout en restant méfiants.

Fin de la journée, retour à Puerto Natales. Sans regret pour la grande rando. Ces deux jours nous ont quand même permis d’apprécier la beauté brute et magique du parc national des Torres del Paine. Et vraiment, c’était…. fabuleux.


Demain, nous prenons le bus pour un long trajet…objectif : le bout du monde ! Ushuaïa !!
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1 réflexion sur « Las Torres del Paine, Patagonie côté Chili »