Nous poursuivons notre séjour à Tilcara, au Nord de Salta, dans les Andes Argentines.

Le 30 Avril, la journée passera à peu de choses : nous nous rendons au marché, où nous déjeunons sur place, dans cette atmosphère typique qui nous plait bien, goûtant au passage quelques spécialités locales : de la langue pour Geoffrey (Beurk…) et du locro pour moi (ragoût à base de maïs et de haricots, typique des Andes, très bon). Eden se contente d’un classique poulet. Valeur sûre…
- Marchandes de fleurs – Au marché de Tilcara – Nordeste – Argentine






Le premier mai est encore pire : nous nous sommes ravitaillés la veille, et ne mettrons même pas le nez dehors. Enfin, si, sur notre belle terrasse. Il faut dire qu’on est tellement bien “chez nous”. Et puis on est là pour se REPOSER. C’est ce qu’on fait…
- Déjeuner avec vue, sur notre terrasse – Tilcara – Nordeste – Argentine

Le 2 Mai, nous décidons enfin de quitter notre antre, mais pas trop loin, pour partir découvrir “la garganta del diablo” (la gorge du diable), toute proche de chez nous. Nous descendons au village en fin de matinée, pour un passage obligé par le marché de Tilcara, en vue du pique-nique que nous avons décidé de faire là-bas. Au menu, ce seront de délicieuses empanadas (petits chaussons fourrés de viande, épinards ou encore thon), tellement pratiques pour les déjeuners en plein air. Il est déjà quasiment midi lorsque l’on se met en route pour la balade ! A croire qu’on adore ça, marcher sous un soleil de plomb ! Car autant les nuits sont fraîches dans la région, autant, durant quelques heures, le soleil tape très très fort…
Bref, bref, c’est parti pour 10 km de marche aller-retour depuis le centre du pueblo. Nous remontons le village comme si nous allions nous rendre à la Pucara, puis bifurquons à gauche au niveau du pont.


La garganta est accessible en voiture (par une route bien étroite), ou à pied. Mais si, au début, nous empruntons la même voie que les autos, nous bifurquons après un petit quart d’heure sur un sentier exclusivement réservé aux marcheurs et aux mules. C’est bien escarpé et ça grimpe pas mal au début de ce chemin. J’ai le souffle bien court… Geoffrey me dit que c’est “parce que je n’ai pas fait de vraie marche depuis la Patagonie” (il y a un mois environ). Moi, je pense que l’altitude commence à jouer et que je ressens les premiers effets du manque d’oxygène, comme lors de notre arrivée de nuit à Tilcara…
Mais comment font les mules pour passer ici ? C’est vraiment très très étroit… J’espère juste que nous n’en croiserons pas…

En haut la récompense est là. Nous évoluons dans un paysage de cactus face à la montage colorées qui vaut presque le Paseo de los Colorados découvert il y a 3 jours…
- Vers la Garganta del Diablo – Tilcara- Nordeste – Argentine
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Deux kilomètres plus loin, nous rejoignons la piste des voitures, nous sommes arrivés en haut du canyon : la Garganta del Diablo, c’est une faille géologique formée par le mouvement des plaques tectoniques, profonde, au creu de laquelle se cache une rivière, et une jolie cascade. Pour les voir, nous descendons au fond du canyon. En bas, nous suivons la rivière Hasamayo sur notre gauche durant une vingtaine de minutes, et jouons à “saute-rivière” un nombre impressionnant de fois, avant d’atteindre une cascade de 10 ou 12 mètres de haut. Ce n’est pas Iguazu, c’est c’est joli quand même….
A cet endroit, les hommes ont découvert des restes paléontologiques pétrifiés et les premières preuves de vie aquatiques “de corps durs” (des trilobites).
- Canyon de la Garganta del Diablo – Tilcara – Nordeste – Argentine

- Rivière Hasamayo au fond de la Garganta del Diablo – Tilcara – Nordeste – Argentine
Immortalisation photo (de la chute d’eau, pas des trilobites), dégustation d’empanadas. Ha non ! ici aussi il y a pas mal d’escort-dogs ! On ignore les cabots histoire de manger tranquilles et d’apprécier la quiétude des lieux. Quelques jeunes sont venus et je deviens “photographe scolaire” pour quelques instants. Ils repartent bien vite, et l’endroit retrouve son calme.







Au retour, nous nous amusons toujours autant en suivant la rivière dans l’autre sens. Avant de remonter, nous suivons une passerelle au niveau d’un petit barrage. L’endroit alimente en eau tout le village de Tilcara. Ici la Garganta est assez impressionnante. Et mon vertige, on en parle ? Allez, “ça passe”.
- Le long de la Rivière Hasamayo au fond de la Garganta del Diablo – Tilcara – Nordeste – Argentine
- Canyon de la Garganta del Diablo – Tilcara- Nordeste – Argentine


Et puis il faut bien assurer la grimpette retour, avant de retrouver le sentier piéton et ses cactus, seuls au monde. Zens, face à ce panorama d’exception.
Nous finissons la journée tranquillement chez nous.
Le 3 Mai est une grosse journée : nous avons demandé à Ivan s’il voulait bien nous conduire à “El Hornocal” (Horno = Four / Cal = Chaux), la montagne aux 14 couleurs (toujours plus de couleurs, dans la région ! la roche bat largement l’arc-en-ciel !). Nous partons donc assez tôt pour éviter trop de touristes, empruntant la ruta 9 vers le Nord, vers la Bolivie, remontant la quebrada de Humahuaca. Nous passons pour la première fois le tropique du Capricorne. On est tout excités et Ivan nous promet de nous y arrêter “au retour”. Là, nous avons de la route à faire..

Nous doublons le village d’Uquia, où nous repasserons tout à l’heure, et continuons à monter. Un peu avant l’entrée officielle dans le village d’Humahuaca, Ivan bifurque sur la droite. On comprend qu’en tant que taxi de Tilcara, il n’a pas le droit de traverser comme ça le village d’Humahuaca. Soit, il sait ce qu’il fait. Nous traversons, toujours en voiture, le lit d’une rivière asséchée. Un peu pierreux le passage de rivière, ça secoue ! *
- Passage de la rivière à gué – Humahuaca – Nordeste – Argentine
De l’autre côté, un homme à cheval va nous ne savons où. On est toujours au Far East, ici, et monter à cheval n’a rien d’original.

La piste commence alors à monter, en lacets, au moins aussi raide que pour nous rendre aux Salinas Grandes. 25 km depuis Humahuaca, que nous parcourons en ¾ d’heures environ. Sur la piste, il n’y a pas foule. Je me demande si nous ne sommes pas les premiers touristes de la journée.


- Vers El Hornocal – Nordeste – Argentine
Nous parvenons enfin au sommet, sorte de toit du monde. 4350 mètres d’altitude ! Notre record ! Jamais nous n’étions allés aussi haut ! Et le fond de l’air est…revigorant. Finalement, nous ne sommes pas les premiers, mais pas loin…


Il doit bien y avoir 6 personnes…
Nous empruntons le sentier qui mène au mirador. Petite marche facile, en descente, de 10 minutes, face à El Hornocal, qui allume ses couleurs au fur et à mesure de notre approche. Ses crêtes sont striées de rouge, vert, gris, orangé…je ne sais pas s’il y a 14 couleurs véritablement, nous n’avons pas compté… mais la roche regorge de cuivre, de fer ou encore de soufre, créant l’effet le plus incroyable.
- El Hornocal, la montagne aux 14 couleurs – Nordeste – Argentine
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- El Hornocal, la montagne aux 14 couleurs – Nordeste – Argentine


Au bout du chemin, Geoffrey ne peut s’empêcher de dépasser le panneau “no pasar”. “Mais mon chéri, s’ils ont mis un panneau, c’est bien parce qu’il y a des risques d’éboulement !”. Tout ça pour 50 mètres en plus… Nous nous posons. Instant de méditation face à la montagne colorée. Ivan est tout autant sous le charme que nous : il n’était jamais venu jusqu’ici. Il fait plaisir à voir.


- El Hornocal, la montagne aux 14 couleurs – Nordeste – Argentine
- El Hornocal, la montagne aux 14 couleurs – Nordeste – Argentine
Il parait qu’El Hornocal est encore plus beau l’après-midi. En tout cas ce matin a pour nous quelque chose de magique. Le retour à la voiture va être “un peu” difficile. Car si nous avons parcouru les 10 petites minutes de douce descente sans nous poser de questions, la pente douce en montée va se révéler bien plus éprouvante, à 4300 mètres d’altitude ! Alors, hier j’avais le souffle court. Là, je n’ai pas de souffle du tout ! Et on parle de 500 mètres de marche au maximum ! Ivan me dit que la clé est de ne jamais s’essouffler. Ben.. c’est raté… mais merci du conseil “pour la prochaine fois”.
- Cette petite pente fut une horreur à monter – El Hornocal, 4350 mètres d’altitude – Nordeste – Argentine




Revenus près de la voiture, nous découvrons quelques jolies petites vigognes broutant non loin. Elles, je les adore.



Et puis nous remarquons une ambulance qui attend en fait les touristes en manque d’oxygène. Ca va, on va réussir à s’en passer pour cette fois 🙂

- En redescendant d’El Hornocal – Nordeste – Argentine
Nous redescendons au village d’Humahuaca, 12 000 habitants, le plus gros de la région, à 3000 mètres d’altitude quand même encore…mais bien moins touristique que Tilcara ou Purmamarca. El Hornocal reste “encore” un site un peu confidentiel, alors chut… ne l’ébruitons pas trop….
Nous faisons au petit tour au marché bien traditionnel du village, où nous ne croisons aucun touriste. Ivan, qui s’est garé un peu plus loin et nous a rejoints, me met en garde. Ici, pas de photo, les gens du coin n’aiment pas ça. OK, d’accord.
- Au marché de Humahuaca – Nordeste – Argentine
Petit arrêt pour goûter au pastel de queso avec un bon jus d’orange frais comme ils en font partout en Argentine. Le patron de la gargote a l’air de ne jamais avoir vu un touriste s’y arrêter, il n’arrête pas de nous remercier de nous être assis chez lui.
Et une fois les batteries rechargées, nous faisons quelques pas dans le village, pour découvrir la jolie place centrale avec sa traditionnelle mairie et sa tour de l’horloge toute blanche et ses grands arbres.

- Cabildo – Humahuaca – Nordeste – Argentine

Au bout, nous atteignons le très étrange “Monumento a la independencia”, massif, limite stalinien. Il date des années 50 et est l’oeuvre d’un artiste Argentin, Ernesto Soto Avendano. Nous gravissons l’escalier monumental qui y mène. Ce n’est pas forcément ce qu’on préfère…Mais la vue depuis le monument vaut bien la montée en plein soleil. Désert, cactus, terre rouge, ocre, verte…
On ne s’en lasse pas…
Nous partageons une petite anecdote de circonstance qui nous fait bien sourire : alors que les Espagnols s’apprêtaient à envahir la région, les Amérindiens, paisibles agriculteurs qui avait déjà dû subir la domination Inca, se demandèrent bien comment résister à ces nouveaux conquérants belliqueux et bien armés. Ils eurent la ruse de récolter tous les vêtements des habitants de la région. Avec, ils habillèrent les cactus candelabres. De loin, les Espagnols prirent ces “cactus-épouvantails” pour une véritable armée, et firent demi-tour, pour ne revenir que des années plus tard…


- Autour du Monumento a la independencia – Humahuaca – Nordeste – Argentine
Nous finissons pas reprendre la route du retour. Mais avant Tilcara, il y a Uquia, que nous avions vite traversé à l’année. Et aujourd’hui c’est jour de feria. Tout le monde vient y vendre de tout, des chaises, des tables, des barbes à papa..Ivan y retrouve sa grand-mère, que nous saluons très respectueusement. Nous faisons un petit tour dans le village tout en adobe (encore un), croisons un père et son fils dans leurs plus beaux atours mais ratons la procession…
Nous poussons les portes de l’église. Celle-ci est plus remarquable que les autres : toujours blanche et à la charpente et confessionnal en bois de cactus, elle compte surtout une quinzaine de retables d’archanges en arme (!!) de l’école de Cuzco (qu’on apprendra à reconnaître un peu plus tard, mais dont on admire le style baroque – Photos interdites…). Décidément…entre les cactus et les archanges, ils trouvaient bien des moyens de se défendre dans la région…




Mais ce qui nous amène à Uquia, c’est aussi le sentier de la “Quebrada de las Senoritas”. Ivan ne sait pas comment s’y rendre. Et c’est naturellement à la gendarmerie qu’il va pour se renseigner (font aussi un peu office de tourisme, ces gens là). Nous reprenons la voiture, pour nous enfoncer vers la montagne sur quelques kilomètres. Là débute un sentier où nous sommes apparemment seuls..Ivan ne connait pas, et nous accompagne. Comme nous, il veut découvrir !
Nous sommes une fois de plus en train de marcher sous une chaleur désormais difficilement supportable, à la pire heure de la journée, dans un décor de Far West. On imagine bien voir des serpents sortir des roches à tout moment, et ne nous manque plus que la musique de Sergio Leone. Ici la pierre est franchement rouge.





- Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine
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- Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine
- Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine
- Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine
Et c’est officiel, nous sommes… seuls. Et seul nous guide le lit d’une rivière à sec, où d’autres promeneurs ont créé des cairns afin de nous assurer que nous sommes dans la bonne direction. La chaleur est vraiment intense. Impression de désert complet. Il ne ferait pas bon s’attarder trop ici sans eau…
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- Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine
- Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine

Au bout d’une heure de marche, nous atteignons le fond du cul de sac : face à nous la montagne se dresse, non plus rouge comme tout à l’heure mais aussi blanche et mauve. Une fois de plus le décor est superbe.



Geoffrey et Ivan nous laissent Eden et moi à l’ombre de la paroi pour un peu d’escalade “entre hommes”. OK, mais pas trop longtemps SVP, il fait franchement trop chaud !






Et une vingtaine de minutes plus tard les voilà de retour, tout contents. Une fois de plus Geoffrey a voulu escalader “un peu trop”, et heureusement qu’Ivan était là pour l’aider à redescendre, m’avoue-t-il ! Mais, est-ce que je vivrais avec un ado ?
- Selfie – Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine


Au retour, nous flânons à nouveau un peu dans la feria.
- Feria d’Uquia – Nordeste – Argentine
- Dans les rues d’Uquia – Nordeste – Argentine
- Bébé lama – Près d’Uquia – Nordeste – Argentine
Sur la route, Ivan nous arrête au niveau du Tropique du Capricorne. Un panneau routier et une borne marquent le lieu, que l’on ne peut pas vraiment rater de toute façon car une dizaine de petits marchands y ont monté leurs stands.


15 km plus tard, nous arrivons à Tilcara. Ivan nous dépose Eden et moi au village : nous faisons un tour au marché artisanal. Eden craque sur un alpage en peluche … en laine d’alpaga. C’est vrai qu’il est mignon… Retour chez nous où nous achevons la journée tranquillement alors que le froid nous gagne..
Le 4 Mai, nous descendons en fin de matinée au village de Tilcara.
- Au centre de Tilcara- Nordeste – Argentine
La ville compte quelques musées, mais nous ne les avons toujours pas explorés. Alors nous avons décidé de visiter le musée archéologique. Notre premier musée d’art pré-colombien (avant l’arrivée de C. Colomb, avant les Espagnols, quoi…). Deux belles pièces pour nous familiariser avec les objets du quotidien des hommes et des femmes qui vécurent dans la région il y a 6 ou 7 siècles, mais aussi quelques pièces venues du Pérou ou de Bolivie. Céramiques, jarres, pipes, masques rituels….Le musée fait écho à notre visite de la Pucara il y a quelques jours. Beaucoup d’explications, mais le tout en Espagnol. Alors je joue les traductrices. La visite s’achève assez vite, dans la mesure où certaines pièces sont en réfection. Nous faisons une petite pause au soleil dans la courette du très joli bâtiment colonial, et nous dirigeons vers notre lieu préféré à Tilcara : le marché. Pas grand chose à acheter aujourd’hui, mais l’occasion de venir saluer la maman d’Ivan, qui y travaille, et de se régaler d’empanadas avec jus d’orange frais. Nous achevons la journée chez nous, avant de ressortir : ce soir nous retournons dîner dans notre restaurant préféré, Arumi. Et comme prévu, nous nous régalons.
Après ce super repas, nous prenons le taxi pour remonter (parce que franchement, cette grimpette pour rentrer chez nous, on en a marre quand même…). La dame-taxi ne connait pas le lieu où nous habitons, et se trompe de route, en se fiant à son GPS plutôt qu’à nos explications. Il l’embarque dans une montée encore bien plus raide que celle à laquelle nous nous sommes faits, et surtout, nous parvenons sur le chemin qui passe devant chez nous par le sens opposé. Nous devons rouler pas mal de temps à flanc de corniche, et ça passe “tout juste”. Et comme ça, dans le noir… personnellement je suis bien contente de descendre de la voiture ! Ouf ! On est arrivés !
Le 5 mai, pour notre dernier jour à Tilcara, nous ne ferons RIEN, juste travailler sur le blog, les leçons pour Eden, et puis se reposer.
- Quebrada de la senoritas – Uquia – Nordeste – Argentine
Le 6 mai, Ivan vient nous chercher pour nous amener à la gare routière et nous dire au revoir. On est un peu émus tous les 4. On a passé des moments géniaux ensemble. J’espère que ses affaires vont marcher ! Notre bus nous ramène à Salta. Et comme à notre habitude maintenant, nous retournons dormir chez Belen. Dernier repas Argentin, ce soir. Dernier gnocchis qui ont le gout de ceux de ma grand-mère…
Je suis très nostalgique. L’Argentine a été pour moi un énorme coup de coeur.
Demain nous partons pour de nouvelles aventures ! Direction le Chili !
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